Bataille de Beaugency (16 et 17 juin 1429)

bataille de Beaugency
« Montjoie ! Saint-Denis ! Sus à l’anglais ! »

La bataille de Beaugency (16 et 17 juin 1429) fut l’une des éclatantes victoires de notre héroïne nationale Jeanne d’Arc flanquée de ses fidèles seigneurs de guerre : Jean Dunois (le bâtard d’Orléans), Gilles de Rais, Etienne de Vignolles (alias La Hire) et Poton de Xaintrailles. Peu après que le siège d’Orléans a été levé, les forces françaises reprirent dans la foulée les zones voisines de la Loire. Cette campagne fut la première offensive française soutenue depuis une génération au cours de la Guerre de Cent Ans.

Cette campagne éclaire menée sur la rive droite de la Loire avec de faibles effectifs consista en 5 actions : la levée du siège d’Orléans, la bataille de Jargeau, la bataille de Meung-sur-Loire, la bataille de Beaugency et la bataille de Patay.

La bataille de Beaugency permit surtout à l’armée française de reprendre le pont et la ville, redonnant ainsi une ligne de communication vitale pour l’offensive d’été. L’armée anglaise, dirigée par le Sir John Talbot, fut défaite en tout lieu et l’avancée de l’Ost Royal vers Reims était irrésistible. Ainsi, on put enfin couronner le roi Charles VII en la bonne cathédrale Notre-Dame de Reims le 17 juillet 1429.

« Du point de vue le plus terrestre, du point de vue politique, ce qu’il y a d’incomparable chez Jeanne d’Arc, c’est la justesse du coup d’œil, le bon sens, la rectitude du jugement. Pour sauver la France créée par ses rois, confondue avec eux, il fallait relever la royauté. Pour relever la royauté, il fallait rendre confiance et prestige à l’héritier qui finissait par perdre espoir, et peut-être doutait de sa naissance même. C’est pourquoi la première rencontre de Jeanne et de Charles VII est si émouvante. Le geste de Jeanne, reconnaissant le dauphin qui la met à l’épreuve, et tombant à ses genoux, est décisif. Le principe sauveur, la monarchie, est désignée. A l’homme, au roi légitime, la confiance en lui-même est rendue.

Elle fut rendue à tous. Il n’était pas rare que les militaires et les politiques qui aimaient le mieux Jeanne d’Arc ne voulussent pas l’écouter. Presque toujours c’était elle qui avait raison, ses pressentiments étaient vérifiés et elle dégageait un tel esprit de tranquille certitude que les gens faisaient sans effort ce qu’elle avait dit. Ainsi fut levé le siège d’Orléans (8 mai 1429). Puis, sans perdre une minute, n’écoutant pas les avis, intéressés ou désintéressés, des faux sages, Jeanne conduisit le roi à Reims. La vraie sagesse était de suivre son inspiration. D’enthousiasme, les anglais qui essayaient de barrer le passage furent bousculés à Patay. D’enthousiasme, Troyes fut pris. Les gouverneurs bourguignons, effrayés par ce mouvement populaire, ne recevant pas de secours de Bedford, ouvrirent les portes de Châlons et de Reims. Le dauphin y fut sacré solennellement, selon rites. Dès lors, le petit prince anglais ne pouvait plus être roi en France. »

Extrait de l’Histoire de France de Jacques Bainville.

Louis XVI (23 août 1754 – 21 janvier 1793)

Louis XVI
Hommage au roi Louis XVI. Assassiné par la raie-publique prétendument française le 21 janvier 1793. D’après le monument funéraire de Louis XVI et Marie-Antoinette à la basilique Saint-Denis. Feutre noir sur papier.

« Je meurs innocent de tous les crimes dont on m’accuse. Je pardonne à ceux qui sont coupables de ma mort, et je prie Dieu que le sang que vous allez répandre ne retombe jamais sur la France. » Louis XVI.

« Par la décapitation du roi Louis XVI, c’est ainsi un édifice millénaire qui s’est effondré – celui de l’ancienne civilisation chrétienne constantinienne, en une onde de choc qui s’est propagée de pays en pays en renversant partout les monarchies et affaiblissant les Eglises. Les avancées de la civilisation, désormais coupées de leur garantie spirituelle, doivent alors se payer par des crises sociales, politiques et économiques, et des guerres d’extermination d’une ampleur sans précédent. Notamment, l’esprit de la révolution dite « française » se divisa bientôt en principes politiques et idéologiques contradictoires, cherchant réciproquement à s’exterminer et à se vaincre, pour finalement aboutir au monde contemporain, qui coïncide précisément avec celui imaginé par certains rêveurs du XVIII ème siècle : un conglomérat de républiques laïques prétendument parvenues à la « fin de l’histoire », une civilisation technicienne tout entière vouée à l’exploitation du monde matériel, mais à laquelle manquent pourtant la chaleur de la vie et le souffle de l’esprit. » Extrait du Livre Noir de la Révolution Française.

Pour que vive la France, Vive le Roi ! A bas la raie-publique !

 

 

Jacques Bainville (1879 – 1936)

Jacques Bainville
Portrait de Jacques Bainville. Feutre noir sur papier.

Historien et journaliste visionnaire doté d’une immense curiosité intellectuelle, Jacques Bainville est très vite séduit par le maître de Martigues, Charles Maurras, champion de la cause monarchiste.

Jusqu’à son dernier souffle, Bainville accompagne le mouvement monarchiste et écrit régulièrement dans son journal, L’Action française, partageant pendant plus de vingt ans son bureau avec le grand Léon Daudet, fils d’Alphonse Daudet. Bainville y développe des vues prophétiques sur l’Europe dont la justesse et la pertinence laissent, aujourd’hui encore, pantois.

Ainsi, Bainville démontre avec finesse et brio que les clauses politiques du traité de Versailles contiennent les germes d’un autre conflit et résume la paix de Versailles dans une formule cinglante et juste : « Une paix trop douce pour ce qu’elle a de dur et trop dure pour ce qu’elle a de doux ». En d’autres termes, Bainville fut le premier à voir pointer la seconde guerre mondiale et ce dès 1919.

Observateur clairvoyant et lucide de son temps, Bainville eut mérité de faire partie des grands auteurs toujours lus. Styliste élégant, ses meilleurs extraits mériteraient de figurer au programme des cours de Français ou d’Histoire. Il n’en est malheureusement rien car la raie-publique, préférant le mensonge et la manipulation à la vérité, use encore et toujours de son arme totalitaire la plus vile, la plus inique et la plus fourbe : la diabolisation.

Ainsi, la lecture des œuvres de Jacques Bainville est aujourd’hui limitée, statistiquement parlant, à une infime partie de la population. La diabolisation et le mensonge à la sauce républicaine sont des armes redoutables pour maintenir la population dans l’ignorance, dans la bêtise et donc dans la dictature du consumérisme, de la vile jouissance, de l’irréflexion et de la précipitation obligatoire. L’égalité pour tous dans la bassesse, le nivellement par le bas des masses, est une terrible réalité républicaine. L’homme dont l’intelligence ne sert pas est mûr pour l’esclavage. CQFD.

John Fastolf (1378 – 1459), John Talbot (1384 – 1453)

John Fastolf John Talbot
Fastolf et Talbot, seigneurs de guerre anglais.

« Dans l’immédiat, il faut d’abord rétablir la situation militaire, car cela va de mal en pis. Sur la lancée d’Orléans, les Français ont pris Jargeau, le 12 juin ; le comte de Suffolk a été fait prisonnier ; puis c’est Beaugency qui tombe. Et le 18 juin, désastre, l’armée anglaise, pourtant commandée par ses meilleurs capitaines, Talbot, Fastolf, Scales, est complètement battue entre Orléans et Chartres, à la bataille de Patay, par des Français dirigés par Richemont, qu’on a enfin autorisé à revenir, La Hire, Xaintrailles, Gaucourt, Dunois, Alençon, La Fayette, le comte de Laval, Gilles de Rais, ce qui fait beaucoup de chefs. Bataille extrêmement confuse, où une mésentente entre Fastolf et Talbot provoque une panique et finalement la déroute. Les Anglais laissent 2000 morts et 200 prisonniers, dont Talbot et Scales. John Talbot, absolument furieux, accuse Fastolf d’être responsable de la déroute et d’avoir fui comme un lâche. La rivalité entre les deux hommes est déjà ancienne. Fastolf, qui avait capturé le duc d’Alençon à Verneuil, s’était plaint qu’on ne lui avait pas versé toute sa part de la rançon. En 1426, il avait reçu l’ordre de la Jarretière à la suite de ses succès dans le Maine, mais Talbot l’avait remplacé comme gouverneur d’Anjou et du Maine. Sa victoire à la bataille des harengs avait provoqué la jalousie de Talbot, qui se venge maintenant en l’accusant maintenant de couardise. Accusation reprise par le chroniqueur Monstrelet et qui semble être à l’origine de la caricature tout à fait injuste que Shakespeare fera du personnage, sous le nom de Falstaff, dans Henry IV. »

Extrait de la Guerre de Cent Ans de Georges Minois.

Léon Daudet (16 novembre 1867 – 30 juin 1942)

leon-daudet
Vive Léon Daudet ma mère ! Vive Léon daudet ! Il pend les tueurs au collet ! Vive Léon daudet !

« La démocratie, c’est la Révolution couchée, et qui fait ses besoins dans ses draps. »

« Le régime démocratique n’est, au moyen du suffrage universel, qu’une vaste machine à fabriquer des salopiots, et ce salopiot, à peine usé et démonétisé, un autre lui succède, qui fera demain, à peine dessalé, la même chose que lui. »

« Le suffrage universel est stupide. Il n’a ni yeux, ni oreilles, ni odorat, ni même toucher. Il n’a qu’un ventre, que des appétits, que des besoins immédiats et sommaires. »

« Qui n’a pas été député ne saurait se faire une idée du vide humain. »

« Les seules ententes internationales possibles sont des ententes gastronomiques. »

« Lyon est une ville arrosée par trois grands fleuves : le Rhône, la Saône et le Beaujolais. »

« La mort sans l’Eglise est sans grandeur. Elle a l’air un peu d’une formalité administrative, d’une opération d’arithmétique physiologique, d’une soustraction charnelle : un tel y était. Il n’y est plus. Ca fait moins un. A qui le tour ? »

 « Le dépotoir de la IIIè République. »

« La République a tué mon fils, moi je tuerai la République. »

« Je suis tellement réactionnaire que j’en perds parfois le souffle ! »

« Sorte de lévrier hébreu, minaudant et hautain, à la parole facile et pédante. » (à propos de Léon Blum)

« Un soir glacé de novembre, je lui administrai, d’une voix de stentor, une engueulade soignée. Il m’écoutait balbutiant, effaré, clignotant, sans m’interrompre, et, quand j’eus achevé mes vociférations, il me serra la main, me remerciant de lui avoir dit la vérité, c’est-à-dire qu’il était un fourbe, un incapable et un cochon. » (à propos de Paul Painlevé)

« Large comme une table de douze couverts et rouge comme quelqu’un qui vient d’avaler de travers un drapeau. » (à propos de Léon Gambetta)

« Pauvre larve politicienne qui a l’air, physiquement et moralement, d’avoir été prise entre deux portes. » (à propos de Paul Doumer)

« C’est une tête de mort sculptée dans un calcul biliaire. » (à propos de Georges Clémenceau)

 « Il a toujours profondément méprisé la nature humaine, en raison même de l’échantillon que lui renvoyait son miroir. » (à propos de Georges Clémenceau)

« Il avait le goût du déshonneur, de la déchéance et de la mort de son prochain, comme d’autres aiment le vin et les jolies filles. » (à propos d’Emile Zola)

« Il émane de lui une odeur qui me plaît : une odeur de fin de régime. » (à propos d’Aristide Briand)

Florilège de citations de Léon Daudet, écrivain, journaliste et homme politique français. Fils du célèbre écrivain Alphonse Daudet, Léon Daudet, nationaliste républicain converti au monarchisme, est une des personnalités charismatiques de l’Action Française, il fut député de la Seine de 1919 à 1924. Il a laissé à la postérité une œuvre littéraire parmi les plus prolifiques du XXème siècle.

 

 

 

 

 

Maurice Barrès (19 août 1862 – 4 décembre 1923)

Maurice Barrès
Portrait de Maurice Barrès.

– Comme Henri fut raisonnable de ne pas céder à Bouteiller qui voulait le faire entrer à Saint-Cyr ! s’écria Sturel.

Par ce mot, il commença la conquête de Mme Gallant qui, sur un renseignement de son petit-fils, le croyait irréligieux. Ce soir-là, envahi par une paix profonde, Sturel comprenait les harmonies de cette prairie, de ce ciel doux, de ces paysans, de son ami, de cette aïeule attentive à surveiller un étranger. Il les effleurait tous d’une pensée, il recevait de chacun une impression, et il regrettait d’avoir distrait sa mère de leur milieu naturel pour se perdre avec elle dans le tumulte aride de Paris. S’il avait pu, dans cette minute, rendre intelligible son état, Mme Gallant de Saint-Phlin se fût écriée : « Mais voilà ce que j’appelle la religion ! »

– Ce qu’il y a de puissant ici disait Sturel, c’est que l’on sent les siècles, la continuité de volonté qu’il a fallu pour créer ce paysage. Il est fait de cette vieille maison, belle parce que ses greniers, ses écuries, sa ferme sont parfaitement appropriés ; de cette prairie où paissent ces vaches ; de ces fleurs dans le verger où bourdonnent les abeilles ; de la marche lasse et satisfaite des serviteurs qui reviennent des champs ; le silence qui l’enveloppe éveille des idées de contentement et de repos, non d’isolement et de crainte ; mais surtout, c’est un domaine patrimonial : on y jouit, comme d’une beauté sensible, des habitudes accumulées.

– Ah ! s’écria Saint-Phlin, j’attendais de toi cette remarque. Des habitudes accumulées ! Comprends-tu maintenant que je ne puisse pas vivre à Paris ?

– Monsieur Sturel, ce grand garçon refuse de se marier ! Ah ! Si vous vouliez le convaincre !

Saint-Phlin embrassa le front de sa grand’mère et lui affirma qu’elle devait rentrer à cause de la fraicheur. Tout au plaisir de tenir chez soi son ami, il ne pouvait pas rester en place. Mme Gallant, à la manière lorraine, mêlait des railleries à son admiration pour cette surabondance de vie.

Extrait de L’Appel au Soldat de Maurice Barrès, 1900.

Louis de Frotté (1766 – 1800)

Portrait de Louis de Frotté
Portrait de Louis de Frotté, chouan normand. d’après une peinture de Louise Bouteiller (1822).

« Avec mes lieutenants, je m’étais réfugié à la gentilhommière La Guyonnière, une demeure fortifiée du XVI ème siècle, cachée par un vallon et agrémentée d’un étang, située dans la paroisse de Vassy, près de la forêt de Saint-des-Bois dont les frondaisons épaisses nous protégeaient des maux de ces monstres tricolores.

Au mois de juin, j’appris avec stupeur la mort du petit Louis XVII que j’avais rêvé d’arracher à sa geôle du Temple.

Immense fut ma douleur, lorsque je sus qu’on avait laissé cet enfant mourir et qu’on l’avait, sans doute, empoisonné. J’étais affligé de savoir qu’on avait traité comme un pestiféré le fils de Louis XVI, qui avait rendu l’âme le lundi 8 juin 1795.

Alors là, madame, mademoiselle, monsieur, je sus que la guerre n’aurait de fin que lorsque mes ennemis m’auraient tué. Ceux-ci devaient savoir u’ils ne viendraient à bout de l’impitoyable combat que j’allais leur livrer qu’avec ma mort. Oh oui, je le jurais sur mon roi. Jusqu’à la mort de Louis XVII, il y avait certes eu des troubles ponctuels. Mais là, je conclus que la raie-publique venait de déclarer la reprises des hostilités.

[…] Je vous assure que le commencement de la guerre fut d’une étonnante facilité. Nous nous emparâmes des pays cotentinois et bocains. Nous entrâmes dans Courson, Clinchamps-la-Rivière, Saint-Christophe de Cheaulieu, Maugois, Saint-Pois et Vengeons.

Quelle joie de me rappeler que nous pûmes piller les arsenaux de la Haye-Pesnel, de Gravay et de Hambie ! Quel plaisir de me souvenir que le 19 juin, monsieur du Rosel s’empara de Saint-Sever !

Nos troupes étaient organisées, soudées et bien administrées, et effrayaient le procureur syndic de Coutances. Certes, nous vivions un drame. Car quand je me battais, je ne pouvais pas oublier l’enfant martyr, mort au Temple dans d’atroces conditions, indignes de ceux qui prônaient la liberté.

Et je me disais qu’en combattant cette infamies des bleus, nous vengions sa mort. Oui, je vengeais la mort de mon roi Louis XVI, de ma reine Marie-Antoinette et de mon petit roi Louis XVII, et cela ne se terminerait qu’avec mon dernier souffle, oh oui, mon Dieu, oh oui, mon roi, je me le jurais, question d’honneur. »

Extrait de Ma vie pour le roi ! Louis de Frotté, chouan normand d’Eric Leclercq.

 

Bataille de Pontvallain (4 décembre 1370)

bataille de Pontvallain
« Notre-Dame ! Guesclin ! » 400 furieux surgissent des fourrés et se ruent sur le camp. La surprise est complète. Bataille de Pontvallain, 4 décembre 1370.

« Bertrand Du Guesclin, le nouveau connétable, illustre immédiatement l’efficacité de la nouvelle stratégie, parfaitement adaptée à sa tactique de harcèlement, de coup de main, de surprises et de guerilla. Le 2 octobre 1370, jour de sa nomination à la connétablie, il est à Paris. Le 24, il est à Pontorson, près du Mont-Saint-Michel, où il conclut un pacte de fraternité d’armes avec Olivier de Clisson. Le 6 novembre, il est à Caen, où il recrute environ 500 hommes. Là il apprend que les restes de la chevauchée de Robert Knolles trainent encore dans le Maine, passablement dispersés à cause d’une mésentente des chefs pour le partage du maigre butin. Knolles veut rejoindre la Bretagne ; les autres capitaines ne sont pas d’accord, et tous sont de mauvais humeur tant la campagne a été infructueuse. On s’est séparé en plusieurs groupes : Knolles est près du Mans, Thomas Grandson un peu plus au sud, Hugh Calveley sur la Loire. Tomber à l’improviste sur ces groupes démoralisés et dont la vigilance s’est relâchée en l’absence de tout adversaire, telle idée de Du Guesclin.

La campagne qui suit est un authentique exploit et l’un des rares exemples de guerre-éclair médiévale. Le connétable y déploie ses meilleures qualités de chef de guerre : esprit de décision, rapidité, clairvoyance, résistance physique, courage et ruse. Rapidité de décision, tout d’abord. Du Guesclin apprend la situation de Knolles dans les derniers jours de novembre, à Caen. Il est à 170 km du Mans. Il rassemble ses troupes, environ 500 lances d’après Froissart. Le 1er décembre, il se met en route, forçant l’allure à tel point que Clisson et Audrehem sont laissés derrière, avec une armée qui s’échelonne par petits groupes sur des dizaines de kilomètres. Passant par Alençon, il atteint le 3 décembre une localité des environs du Mans, dont le nom, déformé par les chroniqueurs, a été fort débattu par les historiens : Viré ou Juillé, ou plus probablement Fillé, sur la Sarthe, à une dizaine de kilomètres au sud-ouest du Mans. L’avant-garde a franchi 170 km de chemin boueux en trois jours : un record pour le Moyen Age, et tout le monde est exténué. Les anglais, prévenu de l’arrivée de Du Guesclin, lui envoient un messager, afin de fixer avec lui un lieu et une date de bataille. Le connétable n’en est plus à ces jeux chevaleresque d’un autre âge : il saoule le messager, obtient de lui la localisation exacte de Thomas Grandson, et se met immédiatement en route, à la nuit tombée, sous une pluie glaciale de décembre. 25 kilomètres dans l’obscurité, sur des chevaux épuisés par trois jours de marche ; le connétable en perd deux sous lui. Avant l’aube du 4, on arrive sans bruit près du camp ennemi. La pluie a cessé, le soleil va se lever : on recouvre les casques de tissu afin d’éviter les reflets sur le métal. Et puis brusquement : « Notre-Dame ! Guesclin ! » ; 400 furieux surgissent des fourrés et se ruent sur le camp. La surprise est complète, la victoire aussi : 80 capitaine anglais sont cueillis au réveil, dont Thomas Grandson, Gilbert Giffard, Geoffroy Oursellé, Guillaume de Neuville, Philippe de Courtenay, Hugues Despenser. Dans les jours qui suivent, Du Guesclin disperse les autres bandes anglaises et nettoie l’est de l’Anjou et les confins du Poitou. Le 5 décembre, il est sur le Loir ; le 6, à saumur, le 7, à Bressuire. C’est là que le vieux Arnoul d’Audrehem est blessé ou tombe malade ; il meurt à Saumur. A Saint-maur, en aval de Saumur, Du Guesclin achète le départ de son vieux rival Calveley, et pour le payer il institue un péage au franchissement de la Loire aux Ponts-de-Cé. Les dernières garnisons anglaises quittent la région. Le 1er janvier 1371, Du Guesclin est de retour à Paris.

En un mois exactement, le nouveau connétable a donc remporté une victoire éclair, dispersé les bandes anglaises et repris le contrôle du Maine, d’une partie de l’Anjou et du Poitou, tout cela avec des moyens très limités. Ce rapide bilan donne la mesure de son efficacité. Son petit groupe mobile, souple, avec un noyau d’élite breton, à base familiale et provinciale, bien soudé, anticipe les actions de commandos en pays occupé. Frappant vite, à l’improviste, insaisissable, il entretient l’insécurité chez l’ennemi, le décourage, lui reprend des postes stratégiques. Le roi Charles V peut être satisfait de son nouveau connétable. »

Extrait de La Guerre de Cent Ans de Georges Minois.

Bataille de Coutras (20 octobre 1587)

Bataille de Coutras
Arquebusiers de l’armée d’Henri de Navarre. Bataille de Coutras, 20 octobre 1587. Episode des guerres de religion.

« En 1576, la Ligue catholique avait langui. Cette fois, elle mit encore plusieurs mois avant de faire explosion. L’idée d’Henri III était d’user les catholiques et les protestants les uns par les autres. Tout en affectant de se conformer aux désirs des ligueurs, il cherchait à ménager les protestants. Une maladresse dérangea ses projets.

Contre ses instructions, son lieutenant, le duc de Joyeuse, chargé de contenir le roi de Navarre, redevenu chef des calvinistes, lui offrit la bataille et l’occasion de la gagner par des erreurs stratégique grossières. Le Béarnais vainquit à Coutras (1587). C’était la première victoire que les protestants remportaient. Henri de Navarre en profita modérément. Il donnait déjà l’impression qu’il se comportait en futur roi de France plutôt qu’en chef de parti et « qu’il voulait laisser entier l’héritage qu’il espérait ».

Mais Coutras produisit un effet profond sur les catholiques. Henri III devint suspect de faiblesses et de ménagements calculés en faveur des ennemis de la religion et de l’Etat. Il fut accusé de trahir.

D’innombrables libelles, d’une violence extraordinaire, furent publiés contre lui. Le cri de la Ligue devint : « Sus au roi ! » Les ligueurs réclamaient des états généraux. Ils annonçaient ouvertement que, si Henri III mourait, l’ordre de succession serait changé et que le cardinal de Bourbon serait appelé au trône et non pas le protestant Henri de Navarre. Des prêtres, en chaire, accusaient le roi de tous les vices et de tous les crimes : il n’est pas étonnant que sa mémoire nous soit arrivé salie. »

Extrait de l’Histoire de France de Jacques Bainville.

Cariatide

cariatide

« L’histoire lui fournit la matière de la plupart des ornements d’architecture, dont il doit savoir rendre raison ; par exemple, si sous les mutules et les corniches, au lieu de colonnes, il met des statues de marbre en forme de femmes honnêtement vêtues que l’on appelle cariatides, il pourra apprendre à ceux qui ignorent pourquoi cela se fait ainsi, que les habitants de Carie, qui est une ville de Péloponnèse, se joignirent autrefois avec les Perses, qui faisaient la guerre aux autres peuples de la Grèce, et que les Grecs, ayant par leurs victoires glorieusement mis fin à cette guerre, la déclarèrent ensuite aux Cariates ; que leur ville ayant été prise et ruinée, et tous les hommes mis au fil de l’épée, les femmes furent emmenées captives, et que, pour les traiter avec le plus d’ignominie, on ne permit pas aux dames de quitter leurs robes accoutumées ni aucun de leurs ornements, afin que non-seulement elles fussent une fois menées en triomphe, mais qu’elles eussent la honte de s’y voir en quelque façon menées toute leur vie, paraissant toujours au même état qu’elles étaient le jour du triomphe, et qu’ainsi elles portassent la peine que leur ville avait méritée ; or, pour laisser un exemple éternel de la punition que l’on avait fait souffrir aux Cariates, et pour apprendre à la postérité quel avait été leur châtiment, les architectes de ce temps-là mirent, au lieu de colonnes, ces sortes de statues aux édifices publics. »

Perrault, Vitruve, I, 1