Cette campagne éclaire menée sur la rive droite de la Loire avec de faibles effectifs consista en 5 actions : la levée du siège d’Orléans, la bataille de Jargeau, la bataille de Meung-sur-Loire, la bataille de Beaugency et la bataille de Patay.
« Du point de vue le plus terrestre, du point de vue politique, ce qu’il y a d’incomparable chez Jeanne d’Arc, c’est la justesse du coup d’œil, le bon sens, la rectitude du jugement. Pour sauver la France créée par ses rois, confondue avec eux, il fallait relever la royauté. Pour relever la royauté, il fallait rendre confiance et prestige à l’héritier qui finissait par perdre espoir, et peut-être doutait de sa naissance même. C’est pourquoi la première rencontre de Jeanne et de Charles VII est si émouvante. Le geste de Jeanne, reconnaissant le dauphin qui la met à l’épreuve, et tombant à ses genoux, est décisif. Le principe sauveur, la monarchie, est désignée. A l’homme, au roi légitime, la confiance en lui-même est rendue.
Elle fut rendue à tous. Il n’était pas rare que les militaires et les politiques qui aimaient le mieux Jeanne d’Arc ne voulussent pas l’écouter. Presque toujours c’était elle qui avait raison, ses pressentiments étaient vérifiés et elle dégageait un tel esprit de tranquille certitude que les gens faisaient sans effort ce qu’elle avait dit. Ainsi fut levé le siège d’Orléans (8 mai 1429). Puis, sans perdre une minute, n’écoutant pas les avis, intéressés ou désintéressés, des faux sages, Jeanne conduisit le roi à Reims. La vraie sagesse était de suivre son inspiration. D’enthousiasme, les anglais qui essayaient de barrer le passage furent bousculés à Patay. D’enthousiasme, Troyes fut pris. Les gouverneurs bourguignons, effrayés par ce mouvement populaire, ne recevant pas de secours de Bedford, ouvrirent les portes de Châlons et de Reims. Le dauphin y fut sacré solennellement, selon rites. Dès lors, le petit prince anglais ne pouvait plus être roi en France. »
Extrait de l’Histoire de France de Jacques Bainville.
Jeanne d’Arc met de nouveau fin avec détermination aux atermoiements des capitaines, notamment aux hésitations d’Alençon, qui juge toute tentative d’attaque prématurée : « Jeanne elle-même me dit : Avant, gentil duc, à l’assaut! N’ayez doute, l’heure est prête quand il plaît à Dieu (…) Agissez et Dieu agira! En nom Dieu, il les faut combattre; s’ils étaient pendus aux nues nous les aurons, puisque Dieu nous envoie pour les punir (…). Le gentil roi aura aujourd’hui la plus grande victoire qu’il eut jamais. Et m’a dit mon conseil qu’ils sont tous nôtres », insiste la Pucelle. Son « conseil », c’est à dire ses « voix », l’a assuré de la victoire et c’est avec confiance qu’elle entraîne ses troupes au combat.
Peu après le début de la bataille, Jeanne grimpe à une échelle et s’élance à l’assaut des remparts en brandissant son étendard. Soudain, elle est atteinte à la tête par une pierre qui entraine sa chute. Mais Jeanne se relève aussitôt et exhorte ses compagnons : « Amis, amis, sus, sus! Notre Sire a condamné les Anglais. A cette heure, ils sont nôtres ; ayez bon coeur! » Alors que le combat fait rage, Suffolk réclame des pourparlers afin de négocier une trêve dans l’attente d’éventuels renforts. Mais il est trop tard. Dans un irrésistible élan, les Français s’emparent de Jargeau, puis se lancent à la poursuite de l’ennemi. Tandis que Suffolk est fait prisonnier, ses troupes se replient en désordre vers Meung-sur-Loire et Beaugency. Cette dernière place tombera quelques jours plus tard. Le 17 juin, dans la plaine de Beauce, Jeanne disposera ses armées en ordre de bataille et remportera une nouvelle victoire, à Patay.
« Dans l’immédiat, il faut d’abord rétablir la situation militaire, car cela va de mal en pis. Sur la lancée d’Orléans, les Français ont pris Jargeau, le 12 juin ; le comte de Suffolk a été fait prisonnier ; puis c’est Beaugency qui tombe. Et le 18 juin, désastre, l’armée anglaise, pourtant commandée par ses meilleurs capitaines, Talbot, Fastolf, Scales, est complètement battue entre Orléans et Chartres, à la bataille de Patay, par des Français dirigés par Richemont, qu’on a enfin autorisé à revenir, La Hire, Xaintrailles, Gaucourt, Dunois, Alençon, La Fayette, le comte de Laval, Gilles de Rais, ce qui fait beaucoup de chefs. Bataille extrêmement confuse, où une mésentente entre Fastolf et Talbot provoque une panique et finalement la déroute. Les Anglais laissent 2000 morts et 200 prisonniers, dont Talbot et Scales. John Talbot, absolument furieux, accuse Fastolf d’être responsable de la déroute et d’avoir fui comme un lâche. La rivalité entre les deux hommes est déjà ancienne. Fastolf, qui avait capturé le duc d’Alençon à Verneuil, s’était plaint qu’on ne lui avait pas versé toute sa part de la rançon. En 1426, il avait reçu l’ordre de la Jarretière à la suite de ses succès dans le Maine, mais Talbot l’avait remplacé comme gouverneur d’Anjou et du Maine. Sa victoire à la bataille des harengs avait provoqué la jalousie de Talbot, qui se venge maintenant en l’accusant maintenant de couardise. Accusation reprise par le chroniqueur Monstrelet et qui semble être à l’origine de la caricature tout à fait injuste que Shakespeare fera du personnage, sous le nom de Falstaff, dans Henry IV. »
Extrait de la Guerre de Cent Ans de Georges Minois.
« Notre-Dame ! Guesclin ! » 400 furieux surgissent des fourrés et se ruent sur le camp. La surprise est complète. Bataille de Pontvallain, 4 décembre 1370.
« Bertrand Du Guesclin, le nouveau connétable, illustre immédiatement l’efficacité de la nouvelle stratégie, parfaitement adaptée à sa tactique de harcèlement, de coup de main, de surprises et de guerilla. Le 2 octobre 1370, jour de sa nomination à la connétablie, il est à Paris. Le 24, il est à Pontorson, près du Mont-Saint-Michel, où il conclut un pacte de fraternité d’armes avec Olivier de Clisson. Le 6 novembre, il est à Caen, où il recrute environ 500 hommes. Là il apprend que les restes de la chevauchée de Robert Knolles trainent encore dans le Maine, passablement dispersés à cause d’une mésentente des chefs pour le partage du maigre butin. Knolles veut rejoindre la Bretagne ; les autres capitaines ne sont pas d’accord, et tous sont de mauvais humeur tant la campagne a été infructueuse. On s’est séparé en plusieurs groupes : Knolles est près du Mans, Thomas Grandson un peu plus au sud, Hugh Calveley sur la Loire. Tomber à l’improviste sur ces groupes démoralisés et dont la vigilance s’est relâchée en l’absence de tout adversaire, telle idée de Du Guesclin.
La campagne qui suit est un authentique exploit et l’un des rares exemples de guerre-éclair médiévale. Le connétable y déploie ses meilleures qualités de chef de guerre : esprit de décision, rapidité, clairvoyance, résistance physique, courage et ruse. Rapidité de décision, tout d’abord. Du Guesclin apprend la situation de Knolles dans les derniers jours de novembre, à Caen. Il est à 170 km du Mans. Il rassemble ses troupes, environ 500 lances d’après Froissart. Le 1er décembre, il se met en route, forçant l’allure à tel point que Clisson et Audrehem sont laissés derrière, avec une armée qui s’échelonne par petits groupes sur des dizaines de kilomètres. Passant par Alençon, il atteint le 3 décembre une localité des environs du Mans, dont le nom, déformé par les chroniqueurs, a été fort débattu par les historiens : Viré ou Juillé, ou plus probablement Fillé, sur la Sarthe, à une dizaine de kilomètres au sud-ouest du Mans. L’avant-garde a franchi 170 km de chemin boueux en trois jours : un record pour le Moyen Age, et tout le monde est exténué. Les anglais, prévenu de l’arrivée de Du Guesclin, lui envoient un messager, afin de fixer avec lui un lieu et une date de bataille. Le connétable n’en est plus à ces jeux chevaleresque d’un autre âge : il saoule le messager, obtient de lui la localisation exacte de Thomas Grandson, et se met immédiatement en route, à la nuit tombée, sous une pluie glaciale de décembre. 25 kilomètres dans l’obscurité, sur des chevaux épuisés par trois jours de marche ; le connétable en perd deux sous lui. Avant l’aube du 4, on arrive sans bruit près du camp ennemi. La pluie a cessé, le soleil va se lever : on recouvre les casques de tissu afin d’éviter les reflets sur le métal. Et puis brusquement : « Notre-Dame ! Guesclin ! » ; 400 furieux surgissent des fourrés et se ruent sur le camp. La surprise est complète, la victoire aussi : 80 capitaine anglais sont cueillis au réveil, dont Thomas Grandson, Gilbert Giffard, Geoffroy Oursellé, Guillaume de Neuville, Philippe de Courtenay, Hugues Despenser. Dans les jours qui suivent, Du Guesclin disperse les autres bandes anglaises et nettoie l’est de l’Anjou et les confins du Poitou. Le 5 décembre, il est sur le Loir ; le 6, à saumur, le 7, à Bressuire. C’est là que le vieux Arnoul d’Audrehem est blessé ou tombe malade ; il meurt à Saumur. A Saint-maur, en aval de Saumur, Du Guesclin achète le départ de son vieux rival Calveley, et pour le payer il institue un péage au franchissement de la Loire aux Ponts-de-Cé. Les dernières garnisons anglaises quittent la région. Le 1er janvier 1371, Du Guesclin est de retour à Paris.
En un mois exactement, le nouveau connétable a donc remporté une victoire éclair, dispersé les bandes anglaises et repris le contrôle du Maine, d’une partie de l’Anjou et du Poitou, tout cela avec des moyens très limités. Ce rapide bilan donne la mesure de son efficacité. Son petit groupe mobile, souple, avec un noyau d’élite breton, à base familiale et provinciale, bien soudé, anticipe les actions de commandos en pays occupé. Frappant vite, à l’improviste, insaisissable, il entretient l’insécurité chez l’ennemi, le décourage, lui reprend des postes stratégiques. Le roi Charles V peut être satisfait de son nouveau connétable. »
Extrait de La Guerre de Cent Ans de Georges Minois.
Il est particulièrement croquignolet de constater que le doigt d’honneur, ce célèbre geste ordurier qui signifie « va te faire enc… ! », trouve ses origines dans le célèbre conflit dynastique qui opposa la France et l’Angleterre au XIV ème et au XV ème siècle et que les historiens crurent bon de baptiser Guerre de Cent Ans.
À cette époque, lorsqu’un archer anglais était capturé par les français, son index et son majeur droits étaient systématiquement coupés ; ceci afin de s’assurer qu’il ne lui serait plus jamais possible de décocher la moindre flèche.
Avant chaque bataille, les archers anglais avaient donc pour coutume d’exhiber fièrement leur index et leur majeur, ce qui constituait pour eux une manière de narguer les français. D’où le fameux « doigt d’honneur ».
28 avril 1180, le roi de France Philippe Auguste, prend pour épouse la jeune Isabelle de Hainaut, fille du comte du Hainaut Baudouin V et de Marguerite de Lorraine comtesse de Flandres. L’alliance royale est célébrée par les évêques Henri de Senlis et Roger de Laon en l’église de l’abbaye Saint-Nicolas d’Arrouaise. Les festivités se déroulent, quant à elle, au château de Bapaume, à proximité du territoire flamand.
Isabelle de Hainaut, alors âgée de 10 ans, est sacrée reine de France le 29 mai de la même année. Le couronnement a lieu en l’abbaye de Saint-Denis. A l’issue de cette alliance, Isabelle de Hainaut apporte en dot au royaume de France l’importante région qui portera plus tard le nom d’Artois et qui comporte les villes d’Arras, de Bapaume et de Saint-Omer.
Le 5 septembre 1187, Isabelle de Hainaut met au monde un fils prénommé Louis (futur Louis VIII). Philippe Auguste, rendu fou de joie par la naissance d’un héritier mâle, exige que l’on rende un immense hommage à Isabelle de Hainaut.
Philippe Auguste voulait qu’Isabelle de Hainaut soit « la plus grande et la plus honorée des reines de France ». Hélas, le 15 mars 1190, la reine Isabelle de Hainaut décède en donnant le jour à deux garçons jumeaux qui ne vivront pas. Le roi Philippe Auguste, qui s’apprêtait à partir en croisade aux côtés du comte de Flandres, organise pour la reine défunte d’importantes funérailles en la cathédrale Notre-Dame de Paris.
La bataille de Montiel est une célèbre bataille de la Guerre de Cent Ans. Elle s’est déroulé le 14 mars 1369 sous les remparts du château de l’Etoile. La bataille de Montiel mit fin à la première guerre civile de Castille.
Pierre le Cruel s’est allié avec les Anglais, les arabes et les Juifs. Bertrand Du Guesclin à qui le commandement des troupes a été sagement remis, prépare scrupuleusement l’attaque et ordonne qu’aucun quartier ne soit fait. Les forces de Pierre le Cruel sont nettement supérieures en nombre mais manquant d’unité, sont littéralement massacrées.
Le chef de guerre breton remporte une victoire sanglante (la plus meurtrière de sa carrière selon Georges Minois) et se venge de la défaite de Najera (1367) qui l’avait vu tomber aux mains des Anglais du Prince Noir.
Quelques jours après la bataille de Montiel, Pierre le Cruel fut tué dans une rixe. Henri de Transtamare prit alors la couronne de Castille et régna sous le nom d’Henri II.
A la fin du XV ème siècle, la Chronique de Flandres nous apprend « comment le roy henry d’espaigne occist son frere le roy dom pietre de sa main ».
Jean Froissart dans ses Chroniques, évoque lui aussi la bataille de Montiel, à laquelle il consacre quelques pages, sous le titre : « cy parle de la bataille qui fut empres mentueil en espaigne entre les deux roys henry et dampietre », et plus loin il évoque la mise à mort du roi de Castille : « comment le roy dam pietre fut pris et mis à mort et le roy henri demoura roy de castelle et la fourme d’aucunes lettres touchans le roy de france et le roy d’angleterre et le conseil que les prelas donnerent au roy charles de faire guerre… « .
« La bataille de Nájera est l’un des plus gros chocs de la Guerre de Cent Ans. Sur fond de guerre civile Castillane opposant deux fortes personnalités : Henri de Transtamare (soutenu par les français) et son demi-frère Pierre le Cruel (soutenu par les anglais), les armées franco-castillane (dirigée par Bertrand Du Guesclin et Henri de Transtamare) et anglo-castillane (dirigée par le Prince Noir, Pierre le Cruel, John Chandos et Olivier V de Clisson) vont s’affronter le 3 avril 1367. Les deux armées emploient une quantité importante de soudards et mercenaires. Côté français, cette aventure espagnole était d’ailleurs vécue comme une belle opportunité de débarrasser le royaume de France des compagnies de routiers qui ravageaient le pays depuis la signature du traité de Brétigny (1360).
Lorsque les deux premières lignes sont à moins de 200 mètres l’une de l’autre, les arbalétriers d’Henri de Transtamare décochent leurs carreaux ; les archers anglais ripostent, faisant preuve une fois de plus de leur supériorité : au commandement, toutes les 10 secondes, une nuée de flèches part en sifflant et s’abat sur l’ennemi ; rapidement les arbalétriers se dispersent. Mais très vite le vide qui séparait les deux formations du Prince Noir (duc de Lancastre) et de Du Guesclin est comblé ; c’est le choc des deux masses de chevaliers. Du Guesclin et ses hommes refoulent d’abord la troupe de Chandos et de Lancastre, qui se regroupe, repart en avant ; le front se stabilise.
Le second groupe à entrer en action est celui du Captal de Buch qui s’approche des Castillans de don Tello. Les genetours déployés devant ce dernier commencent à charger, mais les archers les abattent sans peine, et la panique s’empare aussitôt des autres. Les rescapés refluent sur les rangs suivants, répandant la confusion ; don Tello lui-même s’enfuit, et tout son corps d’armée se disperse, ce qui permet aux cavaliers du Captal de se rabattre sur la gauche des troupes de Du Guesclin, en pleine mêlée contre Lancastre et Chandos.
De l’autre côté, les troupes de Percy, Clisson et Hewett sont entrées en contact avec celle du comte de denia et du maître de Calatrava, qui résistent mieux. Au centre, le Prince Noir, Pierre le Cruel, Hugh Calveley se jettent sur l’avant-garde de Du Guesclin, ajoutant leurs forces à celle de Lancastre, sans réussir à faire reculer les Bretons de Du Guesclin. L’entrée en scène du roi de Majorque avec l’arrière-garde est décisive : contournant la confuse mêlée qui se déroule au centre, il prend par la gauche et tombe à son tour sur le comte de Denia, dont le cheval est tué et qui est pris, de même que le chambellan Gomez Carillo. La droite des Franco-Castillans éclate alors, comme avait fait la gauche, et la pince se referme derrière la troupe de Du Guesclin, qui supporte presque à elle seule tout le poids de la bataille.
Henri de Transtamare tente à plusieurs reprises de rallier ses cavaliers et mène plusieurs charges pour tenter de débloquer les Bretons de l’avant-garde, sans succès. Il fait alors donner la masse de ses fantassins, dont les frondeurs provoquent un moment d’hésitations chez les Gascons. Mais rapidement le Captal de Buch et le comte d’Armagnac disposent leurs archers dont les volées de flèches déciment les fantassins mal protégés, qui s’enfuient.
Henri de Transtamare comprend alors que tout est perdu. Rester serait s’exposer à tomber entre les mains de son demi-frère Pierre le Cruel dont il ne peut attendre aucune pitié. Déjà, nous dit Froissart, Pierre parcourait fébrilement le champ de bataille à la recherche de l’usurpateur : « Là étoit le roi don Piètre moult échauffé qui durement désirait à trouver et rencontrer son frère le bâtard Henry, et disoit : Où est ce fils de putain qui s’appelle roi de Castille ? » Pour Henri, la solution raisonnable est la fuite. Avec quelques hommes, il quitte le champ de bataille et disparait dans les collines en direction de Bobadilla.
Il ne reste maintenant que le corps de bataille de Du Guesclin et de don Sanche, totalement cerné, accablé sous le nombre : Lancastre, Chandos, le Prince de Galles devant, la Captal de Buch à gauche, Clisson, Hewett à droite et derrière. Un à un, les chevaliers bretons et français, tombent ou se rendent. Comme à la bataille d’Auray, Bertrand Du Guesclin est le dernier à résister, et c’est de nouveau à un homme de la bannière de John Chandos, Sir Thomas Cheyney, qu’il rend son épée. Pour la quatrième fois, il est fait prisonnier.
La partie la plus sanglante de la bataille a lieu lors de la poursuite des fuyards. Les cavaliers anglais et gascons pourchassent les espagnols en déroute vers l’ouest, abattant au passage les fantassins. Des milliers de soldats pris de panique arrivent ainsi au bord du Najerilla, transformé en torrent par les pluies et la fonte des neiges. La retraite est coupée et beaucoup se font massacrer là ; d’autres s’agglutinent aux abords du seul pont, celui du village de Najera. Dans la bousculade, des centaines d’hommes tombent à l’eau, d’autres s’y jettent, meurent noyés ou congestionnés, tandis que les flèches pleuvent sur ceux qui tentent de passer. Les grands maîtres de Calatrava et de Saint-Jacques, avec plusieurs centaines d’hommes, se réfugient dans les maisons et les rues étroites de Najera où les massacres continuent ; le maitre de Calatrava est pris dans une cave, celui de Saint-Jacques dans un cul de sac.
La disproportion des pertes est stupéfiante, mais confirmée par au moins quinze chroniques différentes, quel que soit leur camp : entre 5000 et 10 000 morts d’un côté, quelques centaines de l’autre. Et puis, il y a une foule de prisonniers, presque 2000, dont environ 200 Français… Concernant Bertrand Du Guesclin, le seigneur breton fixera lui-même le montant de sa rançon à 100 000 doubles castillans. Il sera libéré à la fin de l’année, lorsque Charles V se portera garant du paiement d’une partie de la somme. »
Extrait de La Guerre de Cent Ans de Georges Minois
« Amis ! c’est donc Rouen, la ville aux vieilles rues,
Aux vieilles tours, débris des races disparues
La ville aux cent clochers carillonnant dans l’air
Le Rouen des châteaux, des hôtels, des bastilles
Dont le front hérissé de flèches et d’aiguilles
Déchire incessamment les brumes de la mer »
Victor Hugo, A mes amis L.B. et S.B., in Les Feuilles d’automne.