Bataille de Beaugency (16 et 17 juin 1429)

bataille de Beaugency
« Montjoie ! Saint-Denis ! Sus à l’anglais ! »

La bataille de Beaugency (16 et 17 juin 1429) fut l’une des éclatantes victoires de notre héroïne nationale Jeanne d’Arc flanquée de ses fidèles seigneurs de guerre : Jean Dunois (le bâtard d’Orléans), Gilles de Rais, Etienne de Vignolles (alias La Hire) et Poton de Xaintrailles. Peu après que le siège d’Orléans a été levé, les forces françaises reprirent dans la foulée les zones voisines de la Loire. Cette campagne fut la première offensive française soutenue depuis une génération au cours de la Guerre de Cent Ans.

Cette campagne éclaire menée sur la rive droite de la Loire avec de faibles effectifs consista en 5 actions : la levée du siège d’Orléans, la bataille de Jargeau, la bataille de Meung-sur-Loire, la bataille de Beaugency et la bataille de Patay.

La bataille de Beaugency permit surtout à l’armée française de reprendre le pont et la ville, redonnant ainsi une ligne de communication vitale pour l’offensive d’été. L’armée anglaise, dirigée par le Sir John Talbot, fut défaite en tout lieu et l’avancée de l’Ost Royal vers Reims était irrésistible. Ainsi, on put enfin couronner le roi Charles VII en la bonne cathédrale Notre-Dame de Reims le 17 juillet 1429.

« Du point de vue le plus terrestre, du point de vue politique, ce qu’il y a d’incomparable chez Jeanne d’Arc, c’est la justesse du coup d’œil, le bon sens, la rectitude du jugement. Pour sauver la France créée par ses rois, confondue avec eux, il fallait relever la royauté. Pour relever la royauté, il fallait rendre confiance et prestige à l’héritier qui finissait par perdre espoir, et peut-être doutait de sa naissance même. C’est pourquoi la première rencontre de Jeanne et de Charles VII est si émouvante. Le geste de Jeanne, reconnaissant le dauphin qui la met à l’épreuve, et tombant à ses genoux, est décisif. Le principe sauveur, la monarchie, est désignée. A l’homme, au roi légitime, la confiance en lui-même est rendue.

Elle fut rendue à tous. Il n’était pas rare que les militaires et les politiques qui aimaient le mieux Jeanne d’Arc ne voulussent pas l’écouter. Presque toujours c’était elle qui avait raison, ses pressentiments étaient vérifiés et elle dégageait un tel esprit de tranquille certitude que les gens faisaient sans effort ce qu’elle avait dit. Ainsi fut levé le siège d’Orléans (8 mai 1429). Puis, sans perdre une minute, n’écoutant pas les avis, intéressés ou désintéressés, des faux sages, Jeanne conduisit le roi à Reims. La vraie sagesse était de suivre son inspiration. D’enthousiasme, les anglais qui essayaient de barrer le passage furent bousculés à Patay. D’enthousiasme, Troyes fut pris. Les gouverneurs bourguignons, effrayés par ce mouvement populaire, ne recevant pas de secours de Bedford, ouvrirent les portes de Châlons et de Reims. Le dauphin y fut sacré solennellement, selon rites. Dès lors, le petit prince anglais ne pouvait plus être roi en France. »

Extrait de l’Histoire de France de Jacques Bainville.

Marie-Antoinette (2 novembre 1755 – 16 octobre 1793)

Marie-Antoinette
D’après le monument funéraire à la mémoire de Louis XVI et Marie-Antoinette, basilique Saint-Denis. Feutre noir sur papier.

« C’est à vous, ma sœur, que j’écris pour la dernière fois ; je viens d’être condamnée non pas à une mort honteuse, elle ne l’est que pour les criminels, mais à aller rejoindre votre frère. Comme lui innocente, j’espère montrer la même fermeté que lui dans ces derniers moments. Je suis calme comme on l’est quand la conscience ne reproche rien ; j’ai un profond regret d’abandonner mes pauvres enfants ; vous savez que je n’existais que pour eux, et vous, ma bonne et tendre sœur, vous qui avez par votre amitié tout sacrifié pour être avec nous, dans quelle position je vous laisse ! J’ai appris par le plaidoyer même du procès que ma fille était séparée de vous. Hélas ! la pauvre enfant, je n’ose pas lui écrire, elle ne recevrait pas ma lettre, je ne sais même pas si celle-ci vous parviendra, recevez pour eux deux ici ma bénédiction. J’espère qu’un jour, lorsqu’ils seront plus grands, ils pourront se réunir avec vous, et jouir en entier de vos tendres soins.

Je meurs dans la religion catholique, apostolique et romaine, dans celle où j’ai été élevée, et que j’ai toujours professée, n’ayant aucune consolation spirituelle à attendre, ne sachant pas s’il existe encore ici des prêtres de cette religion, et même le lieu où je suis les exposerait trop s’ils y entraient une fois. Adieu, adieu ! Je ne vais plus m’occuper que de mes devoirs spirituels. Comme je ne suis pas libre dans mes actions, on m’amènera peut-être un prêtre, mais je proteste ici que je ne lui dirai pas un mot,et que je le traiterai comme un être absolument étranger.

Qu’ils pensent tous deux à ce que je n’ai cessé de leur inspirer : que les principes et l’exécution de leurs devoirs sont la première base de la vie ; que leur amitié et leur confiance mutuel en fera le bonheur ; (…) qu’ils sentent enfin tous deux que, dans quelque position où ils pourront se trouver, ils ne seront vraiment heureux que par leur union, qu’ils prennent exemple de nous : combien dans nos malheurs, notre amitié nous a donné de consolations, et dans le bonheur on jouit doublement quand on peut le partager avec un ami ; et où en trouver de plus tendre, de plus cher que dans sa propre famille.

Que mon fils n’oublie jamais les derniers mots de son père que je lui répète expressément, qu’il ne cherche jamais à venger notre mort.

Je pardonne à tous mes ennemis le mal qu’ils m’ont fait. Je dis ici adieu à mes tantes et à tous mes frères et sœurs.

Mon Dieu ayez pitié de moi ! Mes yeux n’ont plus de larmes pour pleurer pour vous mes pauvres enfants. Adieu, Adieu ! »

Extrait de la lettre écrite par Marie-Antoinette à la sœur de Louis XVI dans son cachot de la Conciergerie juste après l’annonce de sa condamnation.

Louis XVI (23 août 1754 – 21 janvier 1793)

Louis XVI
Hommage au roi Louis XVI. Assassiné par la raie-publique prétendument française le 21 janvier 1793. D’après le monument funéraire de Louis XVI et Marie-Antoinette à la basilique Saint-Denis. Feutre noir sur papier.

« Je meurs innocent de tous les crimes dont on m’accuse. Je pardonne à ceux qui sont coupables de ma mort, et je prie Dieu que le sang que vous allez répandre ne retombe jamais sur la France. » Louis XVI.

« Par la décapitation du roi Louis XVI, c’est ainsi un édifice millénaire qui s’est effondré – celui de l’ancienne civilisation chrétienne constantinienne, en une onde de choc qui s’est propagée de pays en pays en renversant partout les monarchies et affaiblissant les Eglises. Les avancées de la civilisation, désormais coupées de leur garantie spirituelle, doivent alors se payer par des crises sociales, politiques et économiques, et des guerres d’extermination d’une ampleur sans précédent. Notamment, l’esprit de la révolution dite « française » se divisa bientôt en principes politiques et idéologiques contradictoires, cherchant réciproquement à s’exterminer et à se vaincre, pour finalement aboutir au monde contemporain, qui coïncide précisément avec celui imaginé par certains rêveurs du XVIII ème siècle : un conglomérat de républiques laïques prétendument parvenues à la « fin de l’histoire », une civilisation technicienne tout entière vouée à l’exploitation du monde matériel, mais à laquelle manquent pourtant la chaleur de la vie et le souffle de l’esprit. » Extrait du Livre Noir de la Révolution Française.

Pour que vive la France, Vive le Roi ! A bas la raie-publique !

 

 

Bataille de Jargeau (12 juin 1429)

bataille de Jargeau
Jeanne d’Arc insuffle la volonté de Dieu aux troupes françaises, leur assurant la victoire : « Agissez et Dieu agira ! »

Portée par sa victoire à Orléans, Jeanne d’Arc poursuit sur sa lancée. Au cours d’une campagne fulgurante, elle va s’emparer de Jargeau, le 12 juin 1429, et chasser les troupes anglaises de la vallée de la Loire. Son dessein est de faire « route libre et sûre » jusqu’à Reims, où elle veut que le dauphin Charles, le futur Charles VII, soit sacré sans tarder.

Jeanne d’Arc met de nouveau fin avec détermination aux atermoiements des capitaines, notamment aux hésitations d’Alençon, qui juge toute tentative d’attaque prématurée : « Jeanne elle-même me dit : Avant, gentil duc, à l’assaut! N’ayez doute, l’heure est prête quand il plaît à Dieu (…) Agissez et Dieu agira! En nom Dieu, il les faut combattre; s’ils étaient pendus aux nues nous les aurons, puisque Dieu nous envoie pour les punir (…). Le gentil roi aura aujourd’hui la plus grande victoire qu’il eut jamais. Et m’a dit mon conseil qu’ils sont tous nôtres », insiste la Pucelle. Son « conseil », c’est à dire ses « voix », l’a assuré de la victoire et c’est avec confiance qu’elle entraîne ses troupes au combat.

Peu après le début de la bataille, Jeanne grimpe à une échelle et s’élance à l’assaut des remparts en brandissant son étendard. Soudain, elle est atteinte à la tête par une pierre qui entraine sa chute. Mais Jeanne se relève aussitôt et exhorte ses compagnons : « Amis, amis, sus, sus! Notre Sire a condamné les Anglais. A cette heure, ils sont nôtres ; ayez bon coeur! » Alors que le combat fait rage, Suffolk  réclame des pourparlers afin de négocier une trêve dans l’attente d’éventuels renforts. Mais il est trop tard. Dans un irrésistible élan, les Français s’emparent de Jargeau, puis se lancent à la poursuite de l’ennemi. Tandis que Suffolk est fait prisonnier, ses troupes se replient en désordre vers Meung-sur-Loire et Beaugency. Cette dernière place tombera quelques jours plus tard. Le 17 juin, dans la plaine de Beauce, Jeanne disposera ses armées en ordre de bataille et remportera une nouvelle victoire, à Patay.

Bataille de Pontvallain (4 décembre 1370)

bataille de Pontvallain
« Notre-Dame ! Guesclin ! » 400 furieux surgissent des fourrés et se ruent sur le camp. La surprise est complète. Bataille de Pontvallain, 4 décembre 1370.

« Bertrand Du Guesclin, le nouveau connétable, illustre immédiatement l’efficacité de la nouvelle stratégie, parfaitement adaptée à sa tactique de harcèlement, de coup de main, de surprises et de guerilla. Le 2 octobre 1370, jour de sa nomination à la connétablie, il est à Paris. Le 24, il est à Pontorson, près du Mont-Saint-Michel, où il conclut un pacte de fraternité d’armes avec Olivier de Clisson. Le 6 novembre, il est à Caen, où il recrute environ 500 hommes. Là il apprend que les restes de la chevauchée de Robert Knolles trainent encore dans le Maine, passablement dispersés à cause d’une mésentente des chefs pour le partage du maigre butin. Knolles veut rejoindre la Bretagne ; les autres capitaines ne sont pas d’accord, et tous sont de mauvais humeur tant la campagne a été infructueuse. On s’est séparé en plusieurs groupes : Knolles est près du Mans, Thomas Grandson un peu plus au sud, Hugh Calveley sur la Loire. Tomber à l’improviste sur ces groupes démoralisés et dont la vigilance s’est relâchée en l’absence de tout adversaire, telle idée de Du Guesclin.

La campagne qui suit est un authentique exploit et l’un des rares exemples de guerre-éclair médiévale. Le connétable y déploie ses meilleures qualités de chef de guerre : esprit de décision, rapidité, clairvoyance, résistance physique, courage et ruse. Rapidité de décision, tout d’abord. Du Guesclin apprend la situation de Knolles dans les derniers jours de novembre, à Caen. Il est à 170 km du Mans. Il rassemble ses troupes, environ 500 lances d’après Froissart. Le 1er décembre, il se met en route, forçant l’allure à tel point que Clisson et Audrehem sont laissés derrière, avec une armée qui s’échelonne par petits groupes sur des dizaines de kilomètres. Passant par Alençon, il atteint le 3 décembre une localité des environs du Mans, dont le nom, déformé par les chroniqueurs, a été fort débattu par les historiens : Viré ou Juillé, ou plus probablement Fillé, sur la Sarthe, à une dizaine de kilomètres au sud-ouest du Mans. L’avant-garde a franchi 170 km de chemin boueux en trois jours : un record pour le Moyen Age, et tout le monde est exténué. Les anglais, prévenu de l’arrivée de Du Guesclin, lui envoient un messager, afin de fixer avec lui un lieu et une date de bataille. Le connétable n’en est plus à ces jeux chevaleresque d’un autre âge : il saoule le messager, obtient de lui la localisation exacte de Thomas Grandson, et se met immédiatement en route, à la nuit tombée, sous une pluie glaciale de décembre. 25 kilomètres dans l’obscurité, sur des chevaux épuisés par trois jours de marche ; le connétable en perd deux sous lui. Avant l’aube du 4, on arrive sans bruit près du camp ennemi. La pluie a cessé, le soleil va se lever : on recouvre les casques de tissu afin d’éviter les reflets sur le métal. Et puis brusquement : « Notre-Dame ! Guesclin ! » ; 400 furieux surgissent des fourrés et se ruent sur le camp. La surprise est complète, la victoire aussi : 80 capitaine anglais sont cueillis au réveil, dont Thomas Grandson, Gilbert Giffard, Geoffroy Oursellé, Guillaume de Neuville, Philippe de Courtenay, Hugues Despenser. Dans les jours qui suivent, Du Guesclin disperse les autres bandes anglaises et nettoie l’est de l’Anjou et les confins du Poitou. Le 5 décembre, il est sur le Loir ; le 6, à saumur, le 7, à Bressuire. C’est là que le vieux Arnoul d’Audrehem est blessé ou tombe malade ; il meurt à Saumur. A Saint-maur, en aval de Saumur, Du Guesclin achète le départ de son vieux rival Calveley, et pour le payer il institue un péage au franchissement de la Loire aux Ponts-de-Cé. Les dernières garnisons anglaises quittent la région. Le 1er janvier 1371, Du Guesclin est de retour à Paris.

En un mois exactement, le nouveau connétable a donc remporté une victoire éclair, dispersé les bandes anglaises et repris le contrôle du Maine, d’une partie de l’Anjou et du Poitou, tout cela avec des moyens très limités. Ce rapide bilan donne la mesure de son efficacité. Son petit groupe mobile, souple, avec un noyau d’élite breton, à base familiale et provinciale, bien soudé, anticipe les actions de commandos en pays occupé. Frappant vite, à l’improviste, insaisissable, il entretient l’insécurité chez l’ennemi, le décourage, lui reprend des postes stratégiques. Le roi Charles V peut être satisfait de son nouveau connétable. »

Extrait de La Guerre de Cent Ans de Georges Minois.

Bataille de Coutras (20 octobre 1587)

Bataille de Coutras
Arquebusiers de l’armée d’Henri de Navarre. Bataille de Coutras, 20 octobre 1587. Episode des guerres de religion.

« En 1576, la Ligue catholique avait langui. Cette fois, elle mit encore plusieurs mois avant de faire explosion. L’idée d’Henri III était d’user les catholiques et les protestants les uns par les autres. Tout en affectant de se conformer aux désirs des ligueurs, il cherchait à ménager les protestants. Une maladresse dérangea ses projets.

Contre ses instructions, son lieutenant, le duc de Joyeuse, chargé de contenir le roi de Navarre, redevenu chef des calvinistes, lui offrit la bataille et l’occasion de la gagner par des erreurs stratégique grossières. Le Béarnais vainquit à Coutras (1587). C’était la première victoire que les protestants remportaient. Henri de Navarre en profita modérément. Il donnait déjà l’impression qu’il se comportait en futur roi de France plutôt qu’en chef de parti et « qu’il voulait laisser entier l’héritage qu’il espérait ».

Mais Coutras produisit un effet profond sur les catholiques. Henri III devint suspect de faiblesses et de ménagements calculés en faveur des ennemis de la religion et de l’Etat. Il fut accusé de trahir.

D’innombrables libelles, d’une violence extraordinaire, furent publiés contre lui. Le cri de la Ligue devint : « Sus au roi ! » Les ligueurs réclamaient des états généraux. Ils annonçaient ouvertement que, si Henri III mourait, l’ordre de succession serait changé et que le cardinal de Bourbon serait appelé au trône et non pas le protestant Henri de Navarre. Des prêtres, en chaire, accusaient le roi de tous les vices et de tous les crimes : il n’est pas étonnant que sa mémoire nous soit arrivé salie. »

Extrait de l’Histoire de France de Jacques Bainville.

Bataille de Montiel (14 mars 1369)

 

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La bataille de Montiel est une célèbre bataille de la Guerre de Cent Ans. Elle s’est déroulé le 14 mars 1369 sous les remparts du château de l’Etoile. La bataille de Montiel mit fin à la première guerre civile de Castille.

Le roi de France Charles V envoie le seigneur breton Bertrand Du Guesclin en Espagne pour aider à nouveau Henri de Transtamare à reprendre la couronne de Castille à son demi-frère, Pierre le Cruel.

Pierre le Cruel s’est allié avec les Anglais, les arabes et les Juifs. Bertrand Du Guesclin à qui le commandement des troupes a été sagement remis, prépare scrupuleusement l’attaque et ordonne qu’aucun quartier ne soit fait. Les forces de Pierre le Cruel sont nettement supérieures en nombre mais manquant d’unité, sont littéralement massacrées.

Le chef de guerre breton remporte une victoire sanglante (la plus meurtrière de sa carrière selon Georges Minois) et se venge de la défaite de Najera (1367) qui l’avait vu tomber aux mains des Anglais du Prince Noir.

Quelques jours après la bataille de Montiel, Pierre le Cruel fut tué dans une rixe. Henri de Transtamare prit alors la couronne de Castille et régna sous le nom d’Henri II.

A la fin du XV ème siècle, la Chronique de Flandres nous apprend « comment le roy henry d’espaigne occist son frere le roy dom pietre de sa main ».

Jean Froissart dans ses Chroniques, évoque lui aussi la bataille de Montiel, à laquelle il consacre quelques pages, sous le titre : « cy parle de la bataille qui fut empres mentueil en espaigne entre les deux roys henry et dampietre », et plus loin il évoque la mise à mort du roi de Castille : « comment le roy dam pietre fut pris et mis à mort et le roy henri demoura roy de castelle et la fourme d’aucunes lettres touchans le roy de france et le roy d’angleterre et le conseil que les prelas donnerent au roy charles de faire guerre… « .

Bataille de Nájera (3 avril 1367)

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Bataille de Nàjera. Feutre noir sur papier.

« La bataille de Nájera est l’un des plus gros chocs de la Guerre de Cent Ans. Sur fond de guerre civile Castillane opposant deux fortes personnalités : Henri de Transtamare (soutenu par les français) et son demi-frère Pierre le Cruel (soutenu par les anglais), les armées franco-castillane (dirigée par Bertrand Du Guesclin et Henri de Transtamare) et anglo-castillane (dirigée par le Prince Noir, Pierre le Cruel, John Chandos et Olivier V de Clisson) vont s’affronter le 3 avril 1367. Les deux armées emploient une quantité importante de soudards et mercenaires. Côté français, cette aventure espagnole était d’ailleurs vécue comme une belle opportunité de débarrasser le royaume de France des compagnies de routiers qui ravageaient le pays depuis la signature du traité de Brétigny (1360).

Lorsque les deux premières lignes sont à moins de 200 mètres l’une de l’autre, les arbalétriers d’Henri de Transtamare décochent leurs carreaux ; les archers anglais ripostent, faisant preuve une fois de plus de leur supériorité : au commandement, toutes les 10 secondes, une nuée de flèches part en sifflant et s’abat sur l’ennemi ; rapidement les arbalétriers se dispersent. Mais très vite le vide qui séparait les deux formations du Prince Noir (duc de Lancastre) et de Du Guesclin est comblé ; c’est le choc des deux masses de chevaliers. Du Guesclin et ses hommes refoulent d’abord la troupe de Chandos et de Lancastre, qui se regroupe, repart en avant ; le front se stabilise.

Le second groupe à entrer en action est celui du Captal de Buch qui s’approche des Castillans de don Tello. Les genetours déployés devant ce dernier commencent à charger, mais les archers les abattent sans peine, et la panique s’empare aussitôt des autres. Les rescapés refluent sur les rangs suivants, répandant la confusion ; don Tello lui-même s’enfuit, et tout son corps d’armée se disperse, ce qui permet aux cavaliers du Captal de se rabattre sur la gauche des troupes de Du Guesclin, en pleine mêlée contre Lancastre et Chandos.

De l’autre côté, les troupes de Percy, Clisson et Hewett sont entrées en contact avec celle du comte de denia et du maître de Calatrava, qui résistent mieux. Au centre, le Prince Noir, Pierre le Cruel, Hugh Calveley se jettent sur l’avant-garde de Du Guesclin, ajoutant leurs forces à celle de Lancastre, sans réussir à faire reculer les Bretons de Du Guesclin. L’entrée en scène du roi de Majorque avec l’arrière-garde est décisive : contournant la confuse mêlée qui se déroule au centre, il prend par la gauche et tombe à son tour sur le comte de Denia, dont le cheval est tué et qui est pris, de même que le chambellan Gomez Carillo. La droite des Franco-Castillans éclate alors, comme avait fait la gauche, et la pince se referme derrière la troupe de Du Guesclin, qui supporte presque à elle seule tout le poids de la bataille.

Henri de Transtamare tente à plusieurs reprises de rallier ses cavaliers et mène plusieurs charges pour tenter de débloquer les Bretons de l’avant-garde, sans succès. Il fait alors donner la masse de ses fantassins, dont les frondeurs provoquent un moment d’hésitations chez les Gascons. Mais rapidement le Captal de Buch et le comte d’Armagnac disposent leurs archers dont les volées de flèches déciment les fantassins mal protégés, qui s’enfuient.

Henri de Transtamare comprend alors que tout est perdu. Rester serait s’exposer à tomber entre les mains de son demi-frère Pierre le Cruel dont il ne peut attendre aucune pitié. Déjà, nous dit Froissart, Pierre parcourait fébrilement le champ de bataille à la recherche de l’usurpateur : « Là étoit le roi don Piètre moult échauffé qui durement désirait à trouver et rencontrer son frère le bâtard Henry, et disoit : Où est ce fils de putain qui s’appelle roi de Castille ? » Pour Henri, la solution raisonnable est la fuite. Avec quelques hommes, il quitte le champ de bataille et disparait dans les collines en direction de Bobadilla.

Il ne reste maintenant que le corps de bataille de Du Guesclin et de don Sanche, totalement cerné, accablé sous le nombre : Lancastre, Chandos, le Prince de Galles devant, la Captal de Buch à gauche, Clisson, Hewett à droite et derrière. Un à un, les chevaliers bretons et français, tombent ou se rendent. Comme à la bataille d’Auray, Bertrand Du Guesclin est le dernier à résister, et c’est de nouveau à un homme de la bannière de John Chandos, Sir Thomas Cheyney, qu’il rend son épée. Pour la quatrième fois, il est fait prisonnier.

La partie la plus sanglante de la bataille a lieu lors de la poursuite des fuyards. Les cavaliers anglais et gascons pourchassent les espagnols en déroute vers l’ouest, abattant au passage les fantassins. Des milliers de soldats pris de panique arrivent ainsi au bord du Najerilla, transformé en torrent par les pluies et la fonte des neiges. La retraite est coupée et beaucoup se font massacrer là ; d’autres s’agglutinent aux abords du seul pont, celui du village de Najera. Dans la bousculade, des centaines d’hommes tombent à l’eau, d’autres s’y jettent, meurent noyés ou congestionnés, tandis que les flèches pleuvent sur ceux qui tentent de passer. Les grands maîtres de Calatrava et de Saint-Jacques, avec plusieurs centaines d’hommes, se réfugient dans les maisons et les rues étroites de Najera où les massacres continuent ; le maitre de Calatrava est pris dans une cave, celui de Saint-Jacques dans un cul de sac.

La disproportion des pertes est stupéfiante, mais confirmée par au moins quinze chroniques différentes, quel que soit leur camp : entre 5000 et 10 000 morts d’un côté, quelques centaines de l’autre. Et puis, il y a une foule de prisonniers, presque 2000, dont environ 200 Français… Concernant Bertrand Du Guesclin, le seigneur breton fixera lui-même le montant de sa rançon à 100 000 doubles castillans. Il sera libéré à la fin de l’année, lorsque Charles V se portera garant du paiement d’une partie de la somme. »

Extrait de La Guerre de Cent Ans de Georges Minois

L’Arche Perdue (Souterrains du Val-de-Grâce)

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L’arche Perdue, voûte monumentale des souterrains du Val-de-Grâce. Catacombes de Paris.

L’exploitation des carrières de calcaire situées sous l’église du Val-de-Grâce remonte au milieu du Moyen Âge, peut-être même au delà. Elles furent abandonnées au cours du XIIIe siècle et tombèrent dans l’oubli collectif.

Vers 1620, Anne d’Autriche, épouse du roi Louis XIII, fit l’acquisition d’une parcelle de terrain de surface afin d’y installer une communauté de sœurs Feuillantines dans l’ancien hôtel particulier du Petit-Bourbon alors rebaptisé abbaye du Val-de-Grâce.

Mais parallèlement à cela, la reine Anne d’Autriche était tourmentée par un souci personnel : elle échouait à donner à son mari Louis XIII l’héritier mâle qui assurerait la continuité de la dynastie royale. Désespérée, la reine se rendit alors régulièrement chez les Feuillantines afin de prier Dieu pour que celui-ci lui donna l’enfant mâle tant attendu. Elle fit alors le serment de bâtir, sur ce même terrain, une église monumentale dédiée à la Sainte Vierge si Dieu venait à exaucer son vœu.

Le 5 septembre 1638, après une attente de plus de 20 ans, la reine mit enfin au monde un Dauphin qui sera le futur Louis XIV. Cette naissance était si attendue qu’on surnomma Louis « l’Enfant Miracle ».

Un an plus tard, la reine tint son serment et posa la première pierre de l’église du Val-de-Grâce sur laquelle fut gravée l’inscription « Pour la grâce longtemps désirée de l’heureuse naissance d’un dauphin. 5 septembre 1639. »

François Mansart, prestigieux architecte de l’époque et grand oncle du non moins célèbre Jules-Hardouin Mansart, fut chargé de dresser les plans et de diriger les travaux de construction de l’église. Ce fut lors de la pose des premières fondations de l’église que les anciens vides de carrières qui sous-minent les lieux, et restés dans l’oubli, posèrent problème : construire un tel édifice sur de tels vides provoquerait un effondrement immédiat.

139 ans avant la création de l’Inspection Générale des Carrières par Louis XVI, François Mansart fit donc ériger des confortations monumentales (voûtes, murs et piliers) afin de consolider la carrière du Val-de-Grâce. En octobre 1646, les travaux de consolidation prirent fin et la construction de l’église du Val-de-Grâce put démarrer sans danger.

Toutefois, François Mansart, pour voir achever ses travaux de consolidation souterrains, avait englouti l’intégralité du budget alloué à la construction de l’église. Il fut donc remercié et remplacé par un certain Jacques Lemercier qui termina la construction de l’église du Val-de-Grâce suivant les plans dressés par son prédécesseur.

Nouveau Monde

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La Pinta, la Nina, la Santa Maria. 1492.

« L’histoire des juifs en Amérique commence avec Christophe Colomb, fort probablement juif lui-même. Le 2 août 1492, plus de 300 000 juifs furent expulsés d’Espagne et, le 3 août, le jour suivant, Christophe Colomb faisait voile vers l’Ouest, emmenant avec lui quelques-uns de ces expulsés.

Christophe Colomb lui-même nous dit qu’il fréquentait beaucoup les juifs. La première lettre, où sont consignées avec force détails ses découvertes, fut pour un correspondant juif. En effet, ce voyage, par lui-même riche en événements, qui livra aux hommes la connaissance géographique et l’accès aux richesses de « l’autre moitié du Monde », fut possible grâce aux juifs. L’histoire, destinée à brouiller les pistes, selon laquelle ce furent les joyaux de la reine Isabelle de Castille qui permirent de financer l’expédition n’a pas résisté aux recherches des historiens. Trois marranes (juifs convertis mais restés secrètement fidèles à la religion de leurs ancêtres) exercèrent une grande influence à la cour d’Espagne. Luis de Santangel, fermier général (c’est à dire percepteur d’impôts) et riche négociant de Valence, Gabriel Sanchez, son parent, trésorier de la couronne, et Jean Cabrero, grand chambellan, ami des deux premiers. Ce trio réussit à persuader la reine Isabelle que la diminution des revenus de la couronne serait compensée par la découverte par Christophe Colomb de l’or des Indes, tant et si bien que la reine consentit à mettre en gage ses joyaux pour garantir le financement de l’expédition. Mais Santangel sollicita ardemment la permission d’avancer lui-même les fonds nécessaires : il put ainsi mettre à disposition 17 000 ducats, soit à peu près 5000 livres d’alors, ce qui correspond à environ 40 000 livres sterling d’aujourd’hui (1919). »

Extrait du Juif International de Henry Ford. 1919.