Feutre sur papier. D’après une statue d’Antoine de Coysevox (Lyon, 1640 – Paris, 1720).
Le Berger flûteur, faune jouant de la flûte, forme un groupe consacré à la forêt, avec l’Hamadryade et la Flore, placé dans le parc de Marly au fer à cheval du bas de la rivière. Commandée en 1707 et daté de 1710, le groupe a été porté au jardin des Tuileries dès 1716.
Général vendéen intrépide et indépendant, Jean-Baptiste Joly combattit la république en Bas Poitou. Lors de la Virée de Galerne, il demeura en Vendée aux côté du général Charette et combattit dans les environs de Challans. En 1794, il lutta contre les colonnes infernales, instruments génocidaires et d’extermination au service du régime républicain pour éliminer méthodiquement dissidents et opposants et dont nous connaissons malheureusement les tristes forfaitures sur les innocentes populations du bocage vendéen.
Confondu avec un espion par les hommes de Stofflet, il fut tué en 1796 dans une fusillade près de Saint-Laurent-sur-Sèvre.
« M. Joly était sans contredit le plus brave de l’armée ; quoique d’un âge déjà avancé, sa vigueur et sa légèreté égalaient son courage ; à l’affaire des Quatre-Chemins au mois de décembre, il poursuivait seul trois républicains qui lui présentant successivement le bout de leur fusil, l’empêchaient de pouvoir atteindre aucun d’eux. Il prit bientôt son parti, poussa son cheval sur le plus voisin ; celui-ci le blessa légèrement, les autres prirent la fuite, il les terrassa tous les trois. M. Joly était des environs de Bordeaux ; il était venu demeurer à Palluau où il exerçait la chirurgie, l’horlogerie et d’autres petits talents. Il fut un des premiers chefs choisis par les paysans, lors de l’insurrection ; il prit dès lors le titre de Général et exerça son autorité avec un despotisme cruel. Il brûla plusieurs maisons de patriotes aux environs des Sables, il fit payer des rançons à plusieurs autres qui voulurent s’exempter d’un pareil traitement ; il enleva à ses soldats le butin qu’ils avaient pris au combat et se l’appropria en entier ; il tua différentes fois ceux qui ne marchaient pas assez vite au feu ; il brûla la cervelle à un excellent canonnier qui refusait de reconnaître son autorité et de suivre ses ordres sous prétexte qu’il était de l’armée Charette. Il détestait la noblesse, il chercha querelle à M. Charette et tâcha plusieurs fois de l’engager à une affaire particulière ; il le traitait souvent de lâche en présence de ses soldats, mais malgré sa brutalité et les vexations qu’il faisait éprouver, les soldats l’aimaient à cause de sa bravoure et son armée qui se battait bien sous ses ordres n’a jamais valu grand’chose sous les différents chefs qui lui ont succédé. On a dit que ses rapines lui avaient acquis une grande fortune qui se trouva entre les mains de sa femme lors de son arrestation, que Launay s’était emparé de son or, et l’avait fait fusiller pour dérober la connaissance d’une pareille rencontre. La manière splendide avec laquelle Launay vécut depuis dans sa division ne donne que trop d’autorité à de pareil bruits. »
Nul n’a eu un rôle plus important dans la guerre de Vendée. « La perte de Bonchamps vaut une victoire pour nous » écrivaient au lendemain de sa mort les représentants en mission. Plusieurs épisodes montrent que cette appréciation n’a rien d’exagérée.
La division de Charles de Bonchamps participe à toutes les grandes victoire, à Thouars, Saumur, Torfou, où les insurgés triomphent. Mais elle ne prend part ni à la première attaque de Fontenay-le-Comte, ni aux combats du Bois-aux-Chèvres, ni aux deux batailles de Luçon, où les Vendéens sont vaincus.
Bonchamps n’est pas seulement un excellent tacticien ; il a un but précis de plans de campagne. Ses projets de propager la contre-révolution en Bretagne et d’unir tous les mouvements contre-révolutionnaires de l’Ouest, aurait pu changer le cours de l’Histoire… »
Extrait de Bonchamps et l’Insurrection Vendéenne de René Blachez.
Blanchisseuses sur les quais de Seine. Paris, vers 1860.
« Onze heures sonnaient. La moitié des laveuses, assises d’une jambe au bord de leurs baquets, avec un litron de vin débouché à leurs pieds, mangeaient des saucisses dans des morceaux de pains fendus. Seules, les ménagères venues là pour laver leurs petits paquets de linge, se hâtaient, en regardant l’œil-de-bœuf accroché au dessus du bureau. Quelques coups de battoir partaient encore, espacés, au milieu des rires adoucis et des conversations qui s’empâtaient dans un bruit glouton de mâchoires. »
La bataille de Montiel est une célèbre bataille de la Guerre de Cent Ans. Elle s’est déroulé le 14 mars 1369 sous les remparts du château de l’Etoile. La bataille de Montiel mit fin à la première guerre civile de Castille.
Pierre le Cruel s’est allié avec les Anglais, les arabes et les Juifs. Bertrand Du Guesclin à qui le commandement des troupes a été sagement remis, prépare scrupuleusement l’attaque et ordonne qu’aucun quartier ne soit fait. Les forces de Pierre le Cruel sont nettement supérieures en nombre mais manquant d’unité, sont littéralement massacrées.
Le chef de guerre breton remporte une victoire sanglante (la plus meurtrière de sa carrière selon Georges Minois) et se venge de la défaite de Najera (1367) qui l’avait vu tomber aux mains des Anglais du Prince Noir.
Quelques jours après la bataille de Montiel, Pierre le Cruel fut tué dans une rixe. Henri de Transtamare prit alors la couronne de Castille et régna sous le nom d’Henri II.
A la fin du XV ème siècle, la Chronique de Flandres nous apprend « comment le roy henry d’espaigne occist son frere le roy dom pietre de sa main ».
Jean Froissart dans ses Chroniques, évoque lui aussi la bataille de Montiel, à laquelle il consacre quelques pages, sous le titre : « cy parle de la bataille qui fut empres mentueil en espaigne entre les deux roys henry et dampietre », et plus loin il évoque la mise à mort du roi de Castille : « comment le roy dam pietre fut pris et mis à mort et le roy henri demoura roy de castelle et la fourme d’aucunes lettres touchans le roy de france et le roy d’angleterre et le conseil que les prelas donnerent au roy charles de faire guerre… « .
« La bataille de Nájera est l’un des plus gros chocs de la Guerre de Cent Ans. Sur fond de guerre civile Castillane opposant deux fortes personnalités : Henri de Transtamare (soutenu par les français) et son demi-frère Pierre le Cruel (soutenu par les anglais), les armées franco-castillane (dirigée par Bertrand Du Guesclin et Henri de Transtamare) et anglo-castillane (dirigée par le Prince Noir, Pierre le Cruel, John Chandos et Olivier V de Clisson) vont s’affronter le 3 avril 1367. Les deux armées emploient une quantité importante de soudards et mercenaires. Côté français, cette aventure espagnole était d’ailleurs vécue comme une belle opportunité de débarrasser le royaume de France des compagnies de routiers qui ravageaient le pays depuis la signature du traité de Brétigny (1360).
Lorsque les deux premières lignes sont à moins de 200 mètres l’une de l’autre, les arbalétriers d’Henri de Transtamare décochent leurs carreaux ; les archers anglais ripostent, faisant preuve une fois de plus de leur supériorité : au commandement, toutes les 10 secondes, une nuée de flèches part en sifflant et s’abat sur l’ennemi ; rapidement les arbalétriers se dispersent. Mais très vite le vide qui séparait les deux formations du Prince Noir (duc de Lancastre) et de Du Guesclin est comblé ; c’est le choc des deux masses de chevaliers. Du Guesclin et ses hommes refoulent d’abord la troupe de Chandos et de Lancastre, qui se regroupe, repart en avant ; le front se stabilise.
Le second groupe à entrer en action est celui du Captal de Buch qui s’approche des Castillans de don Tello. Les genetours déployés devant ce dernier commencent à charger, mais les archers les abattent sans peine, et la panique s’empare aussitôt des autres. Les rescapés refluent sur les rangs suivants, répandant la confusion ; don Tello lui-même s’enfuit, et tout son corps d’armée se disperse, ce qui permet aux cavaliers du Captal de se rabattre sur la gauche des troupes de Du Guesclin, en pleine mêlée contre Lancastre et Chandos.
De l’autre côté, les troupes de Percy, Clisson et Hewett sont entrées en contact avec celle du comte de denia et du maître de Calatrava, qui résistent mieux. Au centre, le Prince Noir, Pierre le Cruel, Hugh Calveley se jettent sur l’avant-garde de Du Guesclin, ajoutant leurs forces à celle de Lancastre, sans réussir à faire reculer les Bretons de Du Guesclin. L’entrée en scène du roi de Majorque avec l’arrière-garde est décisive : contournant la confuse mêlée qui se déroule au centre, il prend par la gauche et tombe à son tour sur le comte de Denia, dont le cheval est tué et qui est pris, de même que le chambellan Gomez Carillo. La droite des Franco-Castillans éclate alors, comme avait fait la gauche, et la pince se referme derrière la troupe de Du Guesclin, qui supporte presque à elle seule tout le poids de la bataille.
Henri de Transtamare tente à plusieurs reprises de rallier ses cavaliers et mène plusieurs charges pour tenter de débloquer les Bretons de l’avant-garde, sans succès. Il fait alors donner la masse de ses fantassins, dont les frondeurs provoquent un moment d’hésitations chez les Gascons. Mais rapidement le Captal de Buch et le comte d’Armagnac disposent leurs archers dont les volées de flèches déciment les fantassins mal protégés, qui s’enfuient.
Henri de Transtamare comprend alors que tout est perdu. Rester serait s’exposer à tomber entre les mains de son demi-frère Pierre le Cruel dont il ne peut attendre aucune pitié. Déjà, nous dit Froissart, Pierre parcourait fébrilement le champ de bataille à la recherche de l’usurpateur : « Là étoit le roi don Piètre moult échauffé qui durement désirait à trouver et rencontrer son frère le bâtard Henry, et disoit : Où est ce fils de putain qui s’appelle roi de Castille ? » Pour Henri, la solution raisonnable est la fuite. Avec quelques hommes, il quitte le champ de bataille et disparait dans les collines en direction de Bobadilla.
Il ne reste maintenant que le corps de bataille de Du Guesclin et de don Sanche, totalement cerné, accablé sous le nombre : Lancastre, Chandos, le Prince de Galles devant, la Captal de Buch à gauche, Clisson, Hewett à droite et derrière. Un à un, les chevaliers bretons et français, tombent ou se rendent. Comme à la bataille d’Auray, Bertrand Du Guesclin est le dernier à résister, et c’est de nouveau à un homme de la bannière de John Chandos, Sir Thomas Cheyney, qu’il rend son épée. Pour la quatrième fois, il est fait prisonnier.
La partie la plus sanglante de la bataille a lieu lors de la poursuite des fuyards. Les cavaliers anglais et gascons pourchassent les espagnols en déroute vers l’ouest, abattant au passage les fantassins. Des milliers de soldats pris de panique arrivent ainsi au bord du Najerilla, transformé en torrent par les pluies et la fonte des neiges. La retraite est coupée et beaucoup se font massacrer là ; d’autres s’agglutinent aux abords du seul pont, celui du village de Najera. Dans la bousculade, des centaines d’hommes tombent à l’eau, d’autres s’y jettent, meurent noyés ou congestionnés, tandis que les flèches pleuvent sur ceux qui tentent de passer. Les grands maîtres de Calatrava et de Saint-Jacques, avec plusieurs centaines d’hommes, se réfugient dans les maisons et les rues étroites de Najera où les massacres continuent ; le maitre de Calatrava est pris dans une cave, celui de Saint-Jacques dans un cul de sac.
La disproportion des pertes est stupéfiante, mais confirmée par au moins quinze chroniques différentes, quel que soit leur camp : entre 5000 et 10 000 morts d’un côté, quelques centaines de l’autre. Et puis, il y a une foule de prisonniers, presque 2000, dont environ 200 Français… Concernant Bertrand Du Guesclin, le seigneur breton fixera lui-même le montant de sa rançon à 100 000 doubles castillans. Il sera libéré à la fin de l’année, lorsque Charles V se portera garant du paiement d’une partie de la somme. »
Extrait de La Guerre de Cent Ans de Georges Minois
« Amis ! c’est donc Rouen, la ville aux vieilles rues,
Aux vieilles tours, débris des races disparues
La ville aux cent clochers carillonnant dans l’air
Le Rouen des châteaux, des hôtels, des bastilles
Dont le front hérissé de flèches et d’aiguilles
Déchire incessamment les brumes de la mer »
Victor Hugo, A mes amis L.B. et S.B., in Les Feuilles d’automne.
Hannibal, chef Carthaginois. Feutre noir sur papier.
« La terre tremble. Un bruit sourd et régulier roule au lointain. Au large de Lattara, du haut de la citadelle, les guetteurs donnent l’alarme… Un cortège interminable emprunte la voie hérakléenne, des fantassins, des cavaliers et un troupeaux d’animaux étranges balayant de leur trompe les gravillons de la route… La colonne s’étire, l’horizon vomit toujours d’autres troupes, rien ne semble devoir arrêter ces guerriers issus des profondeurs du pays des Ibères.
Ces guerriers, c’est l’armée de Carthage qui s’avance ! Mais Carthage n’est plus dans Carthage… Partis d’Afrique du Nord, les Carthaginois se sont construit un empire en occupant presque toute la péninsule Ibérique et en s’inventant sur une place une autre capitale au bord de la Méditerranée : Carthagène, la nouvelle Carthage.
Ivres de leur puissance, ces Carthaginois sont résolus à écraser Rome, l’ennemi héréditaire. Comment attaquer la ville de la louve ? De Carthagène à Rome, l’assaut direct, rapide, devrait être donné par la mer… Pourtant ce plan évident, trop évident, ne peut être envisagé : la flotte militaire romaine conserve largement la suprématie maritime, la moindre offensive tentée par cette voie serait vouée à l’échec.
Alors Hannibal, jeune général de 29 ans, a imaginé une tactique folle et audacieuse : remonter les côtes ibériques par les routes terrestres, franchir les Pyrénées, pénétrer à l’intérieur de la Gaule, traverser les fleuves, redescendre en direction des Alpes, grimper un col et fondre brusquement sur l’Italie par la plaine du Pô.
Cette stratégie improbable implique une marche éreintante de plusieurs mois sous le soleil, la pluie, la neige, avec la menace permanente d’offensives conduites par quelques tribus gauloises alliées de Rome, et le risque continu d’incursions menées par des bandes de pillards réfugiés dans les montagnes. On le sait, on l’accepte : avant même la bataille décisive, des hommes périront en grand nombre sur les chemins, des animaux et des armes seront perdus ou volés, mais la victoire finale est à ce prix. »