
“Enfant gâté, impulsif, animé d’une conception chevaleresque de la guerre, François Ier est convaincu qu’il marche au-devant d’un nouveau Marignan. Il confie la régence du royaume à sa mère Louise de Savoie et passe les Alpes à la mi-octobre 1524, avec une armée nombreuse. Il entre sans difficulté dans le Milanais, avant de mettre le siège devant la ville de Pavie, surnommée la « bien remparée ». Une armée espagnole et impériale, sous les ordres d’Antonio de Leiva, s’y est retranché.
Le 28 octobre, les assiégeants installent leur camp au nord de la ville, dans le parc de Mirabello, ceint d’une solide muraille. Ils bombardent Pavie à partir du 9 novembre. Mais l’hiver arrive, frappant cruellement les français. Le 3 février 1525, Charles de Lannoy et Charles de Bourbon arrivent au secours de la garnison, à la têtes de troupes italiennes, allemandes et espagnoles. Les Français sont pris en tenaille entre la ville et les renforts ennemis. Le siège s’éternise : François Ier, qui reçoit des conseils contradictoires de Bonnivet et de la Trémoille, ne sait quel parti prendre. Doit-il attendre l’attaque à Mirabello, ou bien abandonner la place et se retirer vers le nord ?
Bourbon et Lannoy décident, quant à eux, de passer à l’attaque. Dans la nuit du 23 au 24 février, leurs sapeurs pratiquent des brèches dans le mur du parc de Mirabello. L’assaut impérial prend les français par surprise. Mais ces derniers ripostent. Les canons du grand maître Galiot et Genouillac déciment les assaillants. François Ier commet alors l’imprudence de ne pas laisser l’artillerie finir son travail, et décide de lancer sa cavalerie à découvert. A-t-il peur que les canons lui volent la victoire ? La charge fend la cavalerie impériale, mais elle tombe sur les troupes d’un remarquable chef de guerre, le marquis de Pescara, adjoint de Bourbon.
Pescara fait donner ses arquebusiers espagnols, dont le feu désorganise la cavalerie française. Le roi lui-même est désarçonné. L’infanterie suisse, laissé sans protection, se bat courageusement, mais finit par se débander. C’est un massacre. La Palice, jeté à terre, foudroyé. René de Savoie, l’oncle du roi, est étouffé sous son cheval. Pavie est une hécatombe de la haute noblesse : Bussy d’Amboise, François de Lorraine, Thomas de Foix, sire de Lescun, Louis de la Trémoille, qui avait revêtu l’armure à 75 ans… Le culte de l’exploit individuel avait fait merveille à Marignan, il deient une faute impardonnable à Pavie. Au matin du 24 février, le roi est capturé. Légèrement blessé, il est confié à la garde de Lannoy et de Bourbon, qui le font transporter à la Chartreuse. De là, il écrit à sa mère : « De toutes choses ne m’est demeuré que l’honneur et la vie sauve… Tout est perdu, fors l’honneur. »
La capture de François Ier ouvre pour la France une période dramatique. Le roi prisonnier est à la merci de Charles Quint, tandis qu’en France Louis de Savoie assume de son mieux la charge du gouvernement. »
Extrait de François Ier de Sylvie Le Clech