
De tous les cabotins qui empoisonnent le monde d’aujourd’hui, je n’en connais pas de plus répugnants, de plus exaspérants, de plus trépanants que les sportifs de haut niveau. Qu’ils soient footballeurs, tennismen, cyclistes, pilote de F1, golfeurs ou basketteurs, qu’ils aient les pieds dans la noire crotte du libéralisme mondialisé ou qu’ils aient depuis fort longtemps escaladé lamentablement des podiums flétris sans prestige ni honneur, ils sont identiques par la plus enragée fringale de publicité et de tintamarre qu’ils génèrent.
Ah ! Il faut qu’ils aient de rudes qualités naturelles ou acquises, les sportifs de haut niveau, pour qu’on arrive à les endurer ! Leur assurance indéconcertable d’être les premiers d’entre les mortels, leur sempiternelle vantardise, l’indégonfable vessie de leur bavardage foireux et, surtout, l’exacerbante chaudronnerie de leur bêtise crasse, les rendent à peu près abominables à tout le reste du genre humain.
Devenus tributaires, des narines jusqu’au fond des poches, des amphétamines et de l’infecte dollar sans lesquels ils révèleraient leur pitoyable léproserie intellectuelle, les sportifs de haut niveau apportent à des peuples anesthésiés et déshonorés l’occasion de s’amuser publiquement sans innocence, de se débrailler, de se soûler, de s’immerger dans la fangeuse bêtise universelle, d’agiter avec fureur l’océan de notre ordure, le temps d’un tournoi organisé pour les plus purs intérêts financiers de quelques multinationales glaireuses et haïssables. Et, pour compléter la forfaiture morale et la trahison de l’authentique dépassement de soi, ils rajoutent à tout cela l’immangeable ragoût du prétendu défi…
Suscitant au moindre mouvement, au moindre crachat, les pestilentiels babillages des journalopes, les sportifs de haut niveau savent aussi se faire l’irrespirable détritus de maquereau des aquariums arides et desséchés du journalisme. Il faut dire que ces journalopes, ramasseurs de crottin prêts à tout pour désinformer et détourner les colères sociales légitimes, savent repérer les carcasses les plus vides et les plus puantes pour nourrir l’abominable allégresse d’un ignoble peuple d’esclaves, à la face marquée des clous de semelle de la botte démocratique, à l’échine fripée des coups de trique de la crapule républicaine engendrée et validée par lui, peuple de lâches imbéciles et de répugnants Tartufes dont la seule malhonnêteté bourgeoise (à soulever des cœurs de truie) est désormais toute la richesse morale.
Mais revenons à nos moutons. Pour mesurer le niveau de décadence, il faut avoir oser fréquenter, ne fût-ce qu’une fois, des porcinières telles que le Parc des Princes ou Roland Garros. De vieux faisans dopés s’y livrent à de nauséeuses cavalcades organisées sous les auspices du capitalisme le plus vil, avec le concours vénal des chienlits qataris les plus répulsifs que l’imagination des lavoirs ait jamais enfanté pour le salissement du linge idéal de notre restant de pudeur. Le tout sous le regard abruti d’une foule enfantée pour la domesticité. Tous sodomite, vous dis-je ! C’est à se demander par quel miracle il se fait encore des enfants.
Concussion arbitrale, maquignonnage de la FIFA, tribadisme des clubs, frénésie des paris, égoïsme du capital, orgueil d’une foule pourtant docile et aseptisée, jobardisme légendaire de l’invincibilité, et surtout, l’enragé besoin de jouir, à quelques prix que ce fût ! Tels sont les jetons de présence du Césarisme défunt.
L’Antiquité a eu ses Gladiateurs, type accompli du sportif de haut niveau, viril et héroïque se battant pour l’honneur et le dépassement de soi. L’époque contemporaine, période moins grande et surtout moins héroïque, ne nous a laissé, dans un dernier camionnage de pourriture, que des Ribéry, des Anelka, des Mary Pierce, des Teddy Riner, des Fabien Barthez, des Amélie Mauresmo, des Henri Lecomte, des Tsonga, des Noha et autres exilés fiscaux traitres à notre nation qu’ils prétendent représenter mais à laquelle ils n’ont de toute façon jamais appartenu à nos yeux de patriotes. Mais soyons rassurés, toutes ces épluchures humaines s’en iront si vite, à travers la brume de l’oubli, le cul dans le stupre le plus indigent, vers leur dernier pourrissoir que la postérité n’aura sans doute jamais besoin de les déshonorer.
Las, le dictionnaire français n’étant pas infini, il commence à devenir furieusement ingrat de racler ce vieux poisson sans écailles.