Gabrielle d’Estrées (1573 – 1599)

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« la duchesse d’ordure » / « la pute à chien »

Henri IV conçut pour cette jeune et fraiche beauté légendaire une vive passion. C’est Roger de Bellegarde, grand écuyer de France et ancien mignon d’Henri III qui présenta sa maîtresse du moment, Gabrielle d’Estrées, au roi Henri IV.

Selon la légende, Gabrielle a résisté pendant six longs mois aux avances de ce monarque qui sentait fort “de l’aile et du gousset”, mais finit par lui céder le 20 janvier 1591 au siège de Chartres, date à laquelle elle devient donc maîtresse et favorite du roi Henri IV, monarque queutard devant l’éternel.

Mais la jeune et belle Gabrielle d’Estrée, qu’on surnommait “la presque reine”, était proprement détestée aussi bien par le menu peuple que par la noblesse de l’époque. Ses nombreuses dépenses (robes, bijoux, luxueuses demeures…) pouvaient expliquer cette exécration que lui vouaient les Français d’alors.

Ainsi, Gabrielle d’Estrée fut l’objet de nombreux pamphlets à travers lesquels on avait coutume de la surnommer « la duchesse d’ordure » ou encore « la pute à chien ».

Cette relation adultèrine entre Henri IV et Gabrielle d’Estrée donna naissance à trois petits bâtards (César, Catherine-Henriette et Alexandre) qui furent tous trois légitimés plus tard par leur père, et Gabrielle, quand elle mourut en 1599, en portait un quatrième.

« C’est une merveille, comment cette femme de laquelle l’extrême beauté ne sentait rien de lascif, a pu vivre en reine plutôt qu’en concubine tant d’années et avec si peu d’ennemis. Les nécessités de l’État furent ses seules ennemies. » Agrippa d’Aubigné

« Mon affliction est aussi incomparable que l’était le sujet qui me la donne. Les regrets et les plaintes m’accompagneront jusqu’au tombeau. La racine de mon cœur est morte et ne rejettera plus… » Henri IV après la mort de Gabrielle.

La belle Gabrielle d’Estrée eut droit à des funérailles royales et le roi Henri IV porta le deuil en s’habillant tout de noir, ce qui était contraire aux us et coutumes de l’époque.

Lièvre

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Lepus.

Le Lièvre et la Tortue

Rien ne sert de courir ; il faut partir à point.
Le Lièvre et la Tortue en sont un témoignage.
Gageons, dit celle-ci, que vous n’atteindrez point
Sitôt que moi ce but. – Sitôt ? Êtes-vous sage ?
Repartit l’animal léger.
Ma commère, il vous faut purger
Avec quatre grains d’ellébore.
– Sage ou non, je parie encore.
Ainsi fut fait : et de tous deux
On mit près du but les enjeux :
Savoir quoi, ce n’est pas l’affaire,
Ni de quel juge l’on convint.
Notre Lièvre n’avait que quatre pas à faire ;
J’entends de ceux qu’il fait lorsque prêt d’être atteint
Il s’éloigne des chiens, les renvoie aux Calendes,
Et leur fait arpenter les landes.
Ayant, dis-je, du temps de reste pour brouter,
Pour dormir, et pour écouter
D’où vient le vent, il laisse la Tortue
Aller son train de Sénateur.
Elle part, elle s’évertue ;
Elle se hâte avec lenteur.
Lui cependant méprise une telle victoire,
Tient la gageure à peu de gloire,
Croit qu’il y va de son honneur
De partir tard. Il broute, il se repose,
Il s’amuse à toute autre chose
Qu’à la gageure. A la fin quand il vit
Que l’autre touchait presque au bout de la carrière,
Il partit comme un trait ; mais les élans qu’il fit
Furent vains : la Tortue arriva la première.
Eh bien ! lui cria-t-elle, avais-je pas raison ?
De quoi vous sert votre vitesse ?
Moi, l’emporter ! et que serait-ce
Si vous portiez une maison ?

Jean de la Fontaine

Charles Marie de Beaumont d’Autichamp (1770 – 1859)

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Charles Marie de Beaumont d’Autichamp au siège de Granville. 14 octobre 1793.

Le comte d’Autichamp est l’un des rares chefs survivant des Guerres de Vendée. Émigré dès les débuts de leur révolution prétendument française, le comte d’Autichamp revient très vite en France se remettre au service de Louis XVI.

Le 10 août 1792, lors de la prise des Tuileries, d’Autichamp fait partie de cette poignée de fidèles nobles montée à Paris pour protéger le roi et sa famille. Il réchappe de justesse à l’ignoble massacre qui s’ensuivit. Il se réfugie alors en Anjou chez son cousin Charles de Bonchamps et devient rapidement l’un des chefs de l’insurrection vendéenne.

Quoique historiographiquement effacé par d’autres chefs vendéens restés plus célèbres, d’Autichamp n’en demeure pas moins un courageux résistant à la calamité républicaine. Il s’illustre dans de nombreuses batailles notamment à Chantonnay et aux Ponts-de-Cé.

Après le siège manqué de Nantes, d’Autichamp franchit la Loire et participe à la Virée de Galerne. À la tête d’une colonne, il tente en vain de s’emparer de Granville avant de prendre le chemin du retour avec les débris de l’armée Catholique et Royale constamment persécutée et harcelée par les troupes républicaines.

D’Autichamp est alors capturé lors de la bataille du Mans mais parvient miraculeusement à s’enfuir grâce à la complicité de hussards républicains. Après la Virée de Galerne, d’Autichamp reprend les armes avec Nicolas Stofflet mais conscient de l’affaiblissement de ses troupes, il préfère négocier la paix avec Hoche (mai 1796).

3 ans plus tard, d’Autichamp soulève à nouveau le bocage Poitevin mais doit rapidement se soumettre en 1800. Il vivra alors dans la retraite jusqu’à la chute du Premier Empire.

Durant la période des Cents Jours, la Vendée se soulève à nouveau et d’Autichamp reprend du service à la tête de ces derniers insoumis. Après la prise facile de Cholet, d’Autichamp est vaincu devant Rocheservière en juin 1815.

Sous la Restauration, d’Autichamp sera nommé pair de France et inspecteur général de l’infanterie par Louis XVIII. En 1830, lors de l’avènement de Louis-Philippe Ier, il prend définitivement sa retraite après 60 années passées au service du plus noble des combats. D’Autichamp rend son âme à Dieu au château de la Roche Faton en 1859, il avait 89 ans…

Philippe V le Long (1293 – 1322)

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Philippe V, surnommé le Long en raison de sa grande taille.

Fils de Philippe IV le Bel et de Jeanne Ière de Navarre, Philippe V le Long est le quatorzième roi de la dynastie des Capétiens directs. Son père lui donne en apanage le comté de Poitiers et le marie à Jeanne de Bourgogne, héritière du comté de Bourgogne et accessoirement putain dans l’affaire de la tour de Nesle.  Philippe est sacré et couronné en la cathédrale Notre-Dame de Reims en janvier 1316.

À l’instar du précédent règne de Louis X le Hutin, il se passe assez peu de chose au cours de ce règne mou, préfigurant la fin toute proche de la lignée des Capétiens directs.

Création de la chambre des comptes, confirmation d’une ordonnance visant à réglementer la pêche fluviale et répression brutale de la révolte des lépreux Pastoureaux constitue l’essentiel de l’action politique de ce court règne.

Atteint de dysenterie et de fièvre, Philippe V le Long se retire dans l’abbaye de Longchamp près de Paris où il rend son dernier souffle dans la nuit du 2 au 3 janvier 1322 après 5 mois d’atroce souffrance.

En l’absence de descendance mâle survivant, c’est son frère cadet Charles IV le Bel qui lui succède. La malédiction lancée par Jacques de Molay du haut de son bûcher sur Philippe IV le Bel et ses descendants 8 plus tôt s’accomplissait peu à peu…

Philippe V le Long est inhumé, selon la coutume, en la basilique Saint-Denis. Sa sépulture, comme celle de tous les autres princes de sang reposant en ce lieu, sera profanée 471 ans plus tard par les crapules et les scélérats de leur ignoble république maçonnique.

la Ballade des Pendus

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Potence au clair de lune.

Frères humains, qui après nous vivez,
N’ayez les cœurs contre nous endurcis,
Car, si pitié de nous pauvres avez,
Dieu en aura plus tôt de vous mercis.
Vous nous voyez ci attachés, cinq, six :
Quant à la chair, que trop avons nourrie,
Elle est piéça dévorée et pourrie,
Et nous, les os, devenons cendre et poudre.
De notre mal personne ne s’en rie ;
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !

Se frères vous clamons, pas n’en devez
Avoir dédain, quoique fûmes occis
Par justice. Toutefois, vous savez
Que tous hommes n’ont pas bon sens rassis.
Excusez-nous, puisque sommes transis,
Envers le fils de la Vierge Marie,
Que sa grâce ne soit pour nous tarie,
Nous préservant de l’infernale foudre.
Nous sommes morts, âme ne nous harie,
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !

La pluie nous a débués et lavés,
Et le soleil desséchés et noircis.
Pies, corbeaux nous ont les yeux cavés,
Et arraché la barbe et les sourcils.
Jamais nul temps nous ne sommes assis
Puis çà, puis là, comme le vent varie,
A son plaisir sans cesser nous charrie,
Plus becquetés d’oiseaux que dés à coudre.
Ne soyez donc de notre confrérie ;
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !

Prince Jésus, qui sur tous a maistrie,
Garde qu’Enfer n’ait de nous seigneurie :
A lui n’ayons que faire ne que soudre.
Hommes, ici n’a point de moquerie ;
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !

François Villon

Bataille de Marengo (14 juin 1800)

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« Faites donner la canonnade !!! »

La bataille de Marengo se déroula dans le Piémont en Italie du Nord à Alessandria, petite bourgade située à proximité de Marengo, à 70 km au nord de Gênes.

La bataille de Marengo vit s’affronter les forces militaires Françaises dirigées par Napoléon Bonaparte, alors Premier Consul, à l’armée impériale du saint Empire.

Les Français parvinrent sans mal à refouler les troupes impériales hors d’Italie pour le plus grand bonheur des Macaronis. Toute l’armée française poursuivit l’armée impériale en déroute afin de sceller une Victoire politique qui assura à Napoléon Bonaparte le pouvoir dont il venait tout juste de s’emparer suite à son coup d’État.

Pour commémorer cette victoire éclatante, les cuisiniers du Premier Consul élaborèrent une recette de sauté de poulet avec des oignons et des champignons dans une sauce au vin et à la tomate, c’est le poulet Marengo, bien meilleur que le médiocre poulet Gaston Gérard que l’on peut trouver à Dijon. À noter qu’une autre recette fut improvisée par le cuisinier du Premier Consul avec du poulet, des œufs et des écrevisses. Et bon appétit bien sûr.

Anne de Bretagne (1477 – 1514)

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Anne de Bretagne, duchesse de Bretagne et deux fois reine de France.

Duchesse de Bretagne et comtesse de Montfort et d’Étampes, archiduchesse d’Autriche, reine de Germanie, reine de France (x2), reine de Naples et duchesse de Milan, Anne de Bretagne est la fille du duc François II de Bretagne et de son épouse Marguerite de Foix.

Mariée successivement à Charles VIII (1491) puis à Louis XII (1499), Anne de Bretagne est le point central sur lequel ce sont axées les luttes d’influence qui finiront par déboucher, à sa mort en 1514, sur l’union du duché de Bretagne au royaume de France, l’union des hermines et des lys comme dirait l’autre.

 

Charles VIII de France dit « l’Affable » (1470 – 1498)

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Charles VIII en armure. Naples, 22 février 1495.

D’une complexion délicate, d’une taille peu avantageuse, d’un physique ingrat, d’un esprit médiocre et prétentieux, Charles VIII est le seul fils de Louis XI et de Charlotte de Savoie à ne pas être décédé en bas âge.

Charles VIII succède à son père sur le trône de France en 1483 à l’âge de 13 ans. Il est donc placé sous la tutelle de sa sœur Anne de Beaujeu nommée régente de France par Louis XI. Celle-ci doit alors faire face aux convoitises des princes divisés en deux clans rivaux dans une « Guerre folle » dont l’enjeu est le contrôle du royaume, notamment la succession de Bretagne.

Mais en 1491, Charles VIII parvient à s’entendre avec les princes rebelles et accorde son pardon à son cousin le duc d’Orléans, le futur Louis XII, instigateur de la rébellion. La même année, Charles VIII parvient à épouser Anne de Bretagne, déjà mariée par procuration avec Maximilien de Habsbourg mais dont le pape Alexandre VI annule le mariage. L’union entre Charles VIII et Anne de Bretagne est célébrée dans la plus grande discrétion au château de Langeais.

Cette habile manœuvre purement diplomatique permet à Charles VIII de préparer le rattachement du duché de Bretagne à la Couronne et de rendre impossible l’encerclement du domaine royal par la Maison d’Autriche.

Coincé entre une période médiévale finissante et les débuts de la Renaissance, le règne de Charles VIII est surtout marqué par la grande expédition d’Italie.

Revendiquant les droits que les princes de la maison d’Anjou avaient légués à sa famille, Charles VIII pénètre en Italie et marche victorieusement, à la tête d’une armée de 50 000 hommes, jusqu’à Naples où il entre le 22 février 1495. Là, une Ligue va se constituer sous l’impulsion de Venise, Milan, Maximilien d’Autriche, Ferdinand II d’Aragon et le pape Alexandre VI. Cette Ligue contraint rapidement Charles VIII à faire demi tour.

Charles VIII projette une nouvelle expédition mais, heurtant accidentellement de la tête le linteau d’une porte au château d’Amboise, il meurt en 1498. Il était dans la 28 ème année de son âge, et la 15 ème de son règne, sincèrement regretté d’Anne de Bretagne. Sa bonté était si grande, ses procédés étaient si généreux, qu’il était impossible de ne pas l’aimer. Deux de ses domestiques moururent de douleur en apprenant qu’il venait d’expirer. Comme il ne laissait point d’enfants, le duc d’Orléans, son cousin, lui succéda sous le nom de Louis XII.

Jean Lannes (1769 – 1809)

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Jean Lannes au siège de Saragosse. Janvier 1809.

Général Français, Maréchal d’Empire, duc de Montebello, Jean Lannes est né le 10 avril 1769 à Lectoure dans le Gers. Il est le fils d’un modeste marchand de biens. Héroïque et fidèle guerrier, il s’est illustré à de très nombreuses reprises tout au long des campagnes militaires napoléoniennes. Il est mortellement blessé à la fin des combats de la bataille d’Essling le 22 mai 1809. Il décède 9 jours plus tard.

“Chez Lannes, le courage l’emportait d’abord sur l’esprit ; mais l’esprit montait chaque jour pour se mettre en équilibre ; je l’avais pris pygmée, je l’ai perdu géant. Je perds le général le plus distingué de mes armées, celui que je considérais comme mon meilleur ami ; ses enfants auront toujours des droits particuliers à ma protection. Lannes, le plus brave de tous les hommes était assurément un des hommes au monde sur lesquels je pouvais le plus compter… L’esprit de Lannes avait grandi au niveau de son courage, il était devenu un géant. Lannes, lorsque je le pris pour la première fois par la main, n’était qu’un ignàrantaccio. Son éducation avait été très-négligée ; néanmoins, il fit beaucoup de progrès, et, pour en juger, il suffit de dire qu’il aurait fait un général de première classe. Il avait une grande expérience pour la guerre; il s’était trouvé dans cinquante combats isolés, et à cent batailles plus ou moins importantes. C’était un homme d’une bravoure extraordinaire : calme au milieu du feu, il possédait un coup d’œil sûr et pénétrant, prompt à profiter de toutes les occasions qui se présentaient, violent et emporté dans ses expressions, quelquefois même en ma présence. Il m’était très-attaché. Dans ses accès de colère, il ne voulait permettre à personne de lui faire des observations, et même il n’était pas toujours prudent de lui parler, lorsqu’il était dans cet état de violence. Alors, il avait l’habitude de venir à moi, et de me dire qu’on ne pouvait se fier à telle et telle personne. Comme général il était infiniment au-dessus de Moreau et de Soult.” Napoléon Ier à Saint-Hélène.

Le dormeur du val

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Hommage aux Poilus de la Grande Guerre morts pour la France. L’immense majorité d’entre eux étaient issus de la paysannerie française. Ignoblement déracinés par la république pour servir de chair à canon, ils inspirent la noblesse et le respect.

C’est un trou de verdure où chante une rivière
Accrochant follement aux herbes des haillons
D’argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c’est un petit val qui mousse de rayons.

Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ; il est étendu dans l’herbe sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.

Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.

Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.

Arthur Rimbaud